Parmi les références citées par le président, il est surprenant de ne trouver aucun auteur noir. L’Amérique vit en ce moment une période de fortes mobilisations des Afro-Américains et les milieux intellectuels portent un intérêt particulier à la pensée développée par les auteurs non-blancs. On pourrait croire qu’il serait naturel pour un président – entré en politique notamment parce qu’il souhaitait faire avancer la cause des droits civiques et qui garde de forts liens avec l’électorat noir – d’être attentif aux idées parvenant de cette communauté. Pourtant, cela ne semble pas être le cas.
Dans le discours qu’il prononce le 1er juin pour commémorer le massacre de Tulsa (Oaklahoma), où environ 300 Noirs ont été tués par des Blancs il y a cent ans, le président se contente de citer la première épître aux Corinthiens de saint Paul. Saladin Ambar, professeur de science politique à l’université Rutgers (New Jersey), qui étudie la politique américaine d’un point de vue ethno-racial, ne s’étonne guère de cette absence. « Peu de présidents ont une réelle connexion avec le monde intellectuel, et encore moins avec le monde intellectuel noir. Bill Clinton avait lu W. E. B. Du Bois et Toni Morrison. Barack Obama avait véritablement étudié la pensée afro-américaine, mais ils font figure d’exception. »
Biden a cependant eu un geste, et pas des moindres, envers la communauté intellectuelle noire. La Maison Blanche a souhaité que le ministère de l’éducation accorde des fonds spéciaux pour renforcer à l’école l’enseignement des politiques discriminatoires aux Etats-Unis. Lorsqu’elle a émis cette directive, en avril, l’administration Biden a cité comme source d’inspiration l’historien et militant antiraciste Ibram X. Kendi et le projet 1619 du New York Times, qui place l’esclavage au centre du récit national.
Cette décision est d’autant plus significative que Kendi et le projet 1619 font l’objet de vives polémiques et, plus généralement, la façon dont l’école aborde la question du racisme donne lieu à d’intenses débats aux Etats-Unis. Biden s’était jusque-là tenu à distance des querelles historiques. Sa vision du roman national tente de trouver l’équilibre entre la part d’ombre du pays et la promesse de liberté inscrite dans la Déclaration d’indépendance et la Constitution.
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