Elu président, Joe Biden voulait promouvoir la concorde nationale. Aujourd’hui, il peine à relever ce défi au sein de son propre parti. Jeudi 28 octobre, la Maison Blanche a voulu interrompre les empoignades entre démocrates au sujet du projet législatif majeur qu’est le plan Build Back Better (BBB, « Reconstruire en mieux »), qui prévoit de revitaliser l’Etat-providence et d’investir massivement dans l’économie verte. Pour cela, elle a publié un long texte-cadre dessinant les grandes lignes du projet, après deux mois de négociations acharnées entre l’aile gauche du parti, devenue son centre de gravité, et deux sénateurs modérés, Joe Manchin (Viriginie-Occidentale) et Kyrsten Sinema (Arizona). La version finale prévoit une enveloppe de 1 750 milliards de dollars (1 500 milliards d’euros) pour des mesures allant de la garde d’enfants à l’extension de la couverture médicale, en passant par un effort de 555 milliards de dollars dans la lutte contre le changement climatique.
Le président des Etats-Unis espérait ne pas arriver les mains vides au sommet du G20 en Italie, qui débutera le 30 octobre, et surtout à la conférence sur le climat (COP26) à Glasgow (Ecosse). La capacité de l’Amérique à montrer l’exemple dans ce domaine est en jeu. Il sait aussi à quel point les atermoiements démocrates pourraient peser dans l’élection décisive pour le poste de gouverneur de Virginie, qui se décidera le 2 novembre.
Repoussant de quelques heures son déplacement à Rome, Joe Biden s’est rendu une nouvelle fois au Capitole jeudi matin, afin de s’entretenir avec les élus démocrates et les convaincre d’accepter les douloureux compromis qui jalonnent le texte-cadre. Bernie Sanders (Vermont), par exemple, voulait une extension de la couverture médicale aux soins dentaires et ophtalmologiques. Ils ne sont plus mentionnés. Seul les appareils auditifs pour personnes âgées sont pris en compte. Autre mesure phare que promouvait l’aile gauche du parti, la possibilité, pour Medicare, de négocier le prix des médicaments avec les industriels du secteur. Abandon. Même sort pour le congé parental, ramené de douze à quatre semaines au fil des négociations, et finalement rayé du projet.
Bluff politique risqué
« Personne n’a obtenu tout ce qu’il voulait, y compris moi, mais c’est ça, un compromis. Un consensus. Et j’ai fait campagne là-dessus », a expliqué Joe Biden à la Maison Blanche, lors d’une allocution à la mi-journée. « Il ne s’agit pas de la gauche contre la droite ou des modérés contre les progressistes ou d’autre chose montant les Américains les uns contre les autres, a-t-il ajouté. Il s’agit de la compétitivité contre la complaisance. » Mais comment focaliser l’attention sur les progrès envisagés, qui seraient substantiels, et non sur les renoncements ? Telle est toute la difficulté pour la Maison Blanche. Les superlatifs tombent en pluie fine dans le communiqué, pour se féliciter d’un texte « historique ». Mais rien n’étant acquis, cette communication ressemble à un tour d’honneur avant la fin de la course. Ou à un bluff politique risqué, faute d’alternative.
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