Après le choc du Covid-19 et sur fond de reprise « robuste », le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi a continué de diminuer au troisième trimestre.
Selon les chiffres publiés par le ministère du Travail, le nombre de chômeurs (catégorie A) a enregistré une baisse de 5,5% au troisième trimestre en France (hors Mayotte) par rapport au trimestre précédent, soit 206.000 inscrits en moins, à 3,544 millions.
En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi est en baisse de 1,9% et s’établit à 5,871 millions, selon la Direction des statistiques (Dares). La catégorie B baisse très modérément (-0,1% en France métropolitaine), tandis que la catégorie C augmente (+6,5%).
Le nombre de chômeurs en catégorie A se situe juste en dessous de son niveau d’avant-crise, avec 5.200 demandeurs d’emploi en moins par rapport au 4e trimestre 2019. Pour les catégories A, B et C dans leur ensemble, il reste supérieur à son niveau d’avant-crise (+124.100).
La baisse en catégorie A est plus forte chez les jeunes de moins de 25 ans au 3e trimestre (-8,4% en France métropolitaine) que pour les autres tranches d’âge (-5,9% pour les 25-49 ans et -4,1% pour les 50 ans et plus).
Sur le front du chômage longue durée, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus diminue de 3,3% au 3e trimestre (-0,4% sur un an), à 2,92 millions (catégories A, B et C). La proportion des demandeurs d’emploi de longue durée repasse sous la barre des 50% à 49,8%.
– « Vraie reprise » –
Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, ces chiffres sont « plutôt positifs ». Il souligne auprès de l’AFP le « paradoxe de cette crise » avec un rebond plus rapide que prévu, encore davantage pour l’emploi.
Manifestation à Paris le 5 octobre 2021 pour les salaires et l’emploi et contre la réforme de l’assurance chômage (AFP/Archives – THOMAS COEX)
Les sorties de Pôle emploi pour « reprise d’emploi déclaré » atteignent « un niveau particulièrement élevé », observe l’économiste, ce qui « correspond bien avec le dynamisme du marché du travail ».
La baisse du chômage longue durée est « un autre élément assez positif pour montrer que c’est une vraie reprise », alors que « c’est en général la dernière roue du carrosse », dit-il, y voyant un signe de redémarrage « robuste ».
Le nombre de demandeurs d’emploi décroît, « mais ça reste quand même des niveaux très élevés », tempère Anne Eydoux, membre des Economistes atterrés. « On n’est pas du tout dans un contexte de régression massive du chômage », souligne-t-elle.
« Il y a eu un pic très marqué avec la crise sanitaire » et pour les chômeurs de catégorie A, « on est revenus au niveau d’avant-crise ». Mais avec les catégories B et C, le niveau reste supérieur à celui d’avant-crise, observe l’économiste.
Elle note que « la réforme de l’assurance chômage, qui risque de toucher surtout les demandeurs d’emploi en activité précaire, intervient alors que leur nombre reste très très élevé ».
Le gouvernement mise notamment sur cette réforme pour « encourager le travail ». La semaine dernière, le Conseil d’Etat a rejeté les recours en référé des syndicats demandant la suspension du nouveau calcul de l’allocation chômage, qui pénalise l’indemnisation des demandeurs d’emploi qui alternent périodes de travail et d’inactivité.
Pour la CGT, farouchement opposée à cette réforme comme les autres syndicats, le « gouvernement manipule les statistiques pour continuer le passage en force sur l’assurance chômage ». Mettant en avant la catégorie C qui « explose », le syndicat estime que « les chômeurs qui ne travaillaient pas du tout retrouvent des contrats … précaires ! ».
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