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« Joe Biden avait claironné le retour d’un leadership américain, il tarde à se manifester »

Joe Biden monte à bord d’Air Force One avant de partir pour le Royaume-Uni et l’Europe, dans le Maryland, le 9 juin 2021. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

La première tournée européenne de Joe Biden s’était résumée à une promenade de santé. Il en ira autrement avec celle qui débutera le 29 octobre à Rome par une rencontre avec le pape François et qui s’achèvera à Glasgow, en Ecosse, dans le cadre de la COP26, après un sommet du G20, également en Italie.

En juin, la diplomatie tactile et débonnaire du démocrate avait produit ses effets. Après la politique des bras croisés de Donald Trump, résumée par une photo tutoyant l’œuvre d’art, qui montrait l’ancien homme d’affaires l’air buté, seul contre tous, prise lors du sommet du G7 au Canada, en 2018, chacun avait voulu croire à la page tournée. Le nouveau président des Etats-Unis avait même pu profiter de sa bonne image pour faire mentionner la Chine, devenue la première préoccupation américaine, dans un communiqué de l’Alliance atlantique. Une première.

Un peu plus de quatre mois plus tard, Joe Biden a pourtant dilapidé une partie de son crédit. Son retrait unilatéral précipité d’Afghanistan, puis la gestion cavalière d’un accord de défense dirigé contre Pékin dont la France a brutalement fait les frais, autant du fait de l’annulation d’un contrat naval que son exclusion d’un cercle étroitement anglo-saxon, ont fragilisé les liens avec les amis des Etats-Unis. La pratique a sapé le discours. Joe Biden ne cesse en effet de présenter les alliances tissées par Washington – et vomies par Donald Trump qui n’y voyait que des contraintes – comme un atout pour la puissance américaine.

Mal à l’aise avec l’imprévu

Le retour de l’expertise également promis par le nouveau président, après quatre années de crises de nerfs permanentes, ne s’est pas accompagné non plus des dividendes attendus. Le démocrate n’est pas le seul coupable en la matière. En bloquant régulièrement les longs processus de confirmation pour des considérations de basse politique, les élus républicains du Sénat ont empêché que des postes-clés soient rapidement pourvus et perturbé le fonctionnement de la machine diplomatique des Etats-Unis. Après le sabordage par Donald Trump, en 2018, d’un compromis qui avait permis de juguler le programme nucléaire iranien, l’incapacité de Washington et de ses alliés de conclure rapidement un accord très attendu avec Téhéran tient aussi pour une large part à l’intransigeance des autorités iraniennes.

Il n’empêche. A deux reprises, lors de la brève crise de Gaza, en mai, comme au moment de la chute de Kaboul, en août, la nouvelle administration s’est montrée mal à l’aise avec l’imprévu, incapable de s’adapter rapidement à une situation qu’elle n’aurait pas anticipée. Joe Biden a également troublé en se portant brièvement garant militairement de l’autonomie de Taïwan, le 21 octobre, rompant brièvement avec la traditionnelle « ambiguïté stratégique » de Washington, avant une prompte marche arrière.

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