Chronique. Les marchés boursiers mondiaux ont les yeux tournés vers le promoteur immobilier chinois Evergrande, sur le point de faire défaut sur une partie de sa dette de 300 milliards de dollars (257 milliards d’euros), et ce au moment où le marché immobilier chinois connaît un net refroidissement. Les investisseurs ont raison de s’alarmer, parce que le secteur immobilier chinois représente près de 30 % du PIB et qu’il existe un lien entre les crises immobilières et les récessions profondes.
Mais les problèmes du secteur immobilier ne sont pas le seul danger économique auquel la Chine est aujourd’hui confrontée. La répression croissante du gouvernement chinois contre le secteur technologique en pleine expansion pourrait constituer une menace encore plus grande. Ces entreprises ont pourtant la capacité de stimuler la croissance au moment où la révolution numérique, associée à la transformation verte, nécessite un secteur privé fort et des flux d’investissement robustes.
Mais le président Xi Jinping, craignant que des entreprises telles qu’Alibaba, Tencent et Didi Chuxing n’aient amassé trop de richesses et de données stratégiques, a intensifié ses attaques contre le secteur privé en 2021. Le défi des Big Tech face au monopole du pouvoir du Parti communiste chinois est devenu trop sérieux pour être ignoré. La pression réglementaire s’est accrue. En juillet, par exemple, les autorités chinoises ont retiré Didi – la principale application de covoiturage du pays, avec 377 millions d’utilisateurs actifs annuels – des magasins d’applications, juste après l’introduction en Bourse réussie de l’entreprise aux Etats-Unis, provoquant une chute d’environ 20 % du cours de l’action de la société.
Le pari de la sévérité
L’évolution de la Chine vers un contrôle accru de l’Etat sur les principales entreprises technologiques, y compris l’intégration de cellules du Parti communiste chinois en leur sein, risque de freiner le dynamisme remarquable de ces entreprises. En s’éloignant du soutien au secteur privé, les autorités chinoises risquent de tuer la poule aux œufs d’or d’une croissance économique rapide et le meilleur espoir que la Chine ait d’assurer la « prospérité commune » voulue par le président Xi.
Selon une étude récente de McKinsey & Company, la part de l’emploi urbain chinois soutenu par des entreprises privées a plus que quadruplé entre 1995 et 2018, passant de 18 % à 87 %. La part des exportations générées par le secteur privé est aussi passée de 34 % à 88 % sur la même période. Dans ces conditions, brider le secteur privé et menacer les innovateurs n’est pas le meilleur moyen d’assurer une croissance rapide et soutenue.
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