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Présidentielle: la bataille du pouvoir d’achat est lancée

C’est le sujet brûlant de ce début de campagne présidentielle. La hausse des prix des matières premières et de ceux de l’énergie ampute le pouvoir d’achat des Français. Et cela pourrait bien durer jusqu’en avril… quand les électeurs iront aux urnes. Raison pour laquelle le gouvernement prépare un « chèque carburant » ciblé sur les plus modestes, quelques semaines à peine après l’annonce de Jean Castex du blocage des prix du gaz et d’un premier « chèque énergie ». En parallèle, les cadres de La République en marche communiquent sur les baisses d’impôts accordées durant le quinquennat et planchent pour le futur programme sur des mesures de partage des bénéfices dans les entreprises : intéressement, participation, actionnariat salarié… Une manière d’atténuer l’image de « président des riches » d’Emmanuel Macron.

Bertrand veut une super prime d’activité

L’hôte de l’Elysée est attendu au tournant par ses adversaires qui, tous, dégainent des mesures destinées à booster le pouvoir d’achat des Français. A commencer par Xavier Bertrand, candidat à l’investiture des Républicains, qui veut doper les revenus des ménages modestes avec une « prime au travail » de 5 milliards d’euros, sorte de prime d’activité survitaminée. Seraient concernés près de la moitié des salariés français, ceux sous la barre des 2.000 euros net par mois, qui recevraient « l’équivalent d’un

treizième mois en plus », selon Xavier Bertrand. Par exemple, une personne qui touche 1.600 euros net par mois, recevrait 1.800 euros de prime de travail par an. Détail clé : cette prime sera versée directement sur la fiche de salaire des entreprises. « Actuellement, on doit faire une demande à la caisse d’allocation familiale pour toucher la prime d’activité, explique Roland Rathelot, professeur d’économie à l’ENSAE. Du coup, plus d’un quart des personnes éligibles à la prime n’en bénéficient pas, faute de démarche. »

Pécresse pour augmenter les salaires de 10%

Sa concurrente chez les Républicains, Valérie Pécresse, veut tout bonnement augmenter de 10% tous les salaires jusqu »à 2,2 smic, mais sans que cela ne coûte rien aux entreprises. Quelle est sa recette? Concrètement, l’Etat prendrait à sa charge la cotisation vieillesse pour les salariés percevant jusqu’à 2,2 smic, soit 8,3% de leur salaire net. Au total, l’ex-ministre du Budget chiffre ses mesures de pouvoir d’achat à 25 milliards d’euros sur cinq ans, financées par des économies de dépenses publiques et des redéploiements de recettes fiscales, une partie restant à la charge des entreprises. Un projet qui laisse sceptique les économistes. « L’ensemble des contribuables payerait ces exonérations supplémentaires, l’Etat devant compenser la baisse des ressources pour la Sécurité sociale, souligne François Fontaine, de l’Ecole d’économie de Paris. Dans un contexte de réforme des retraites à venir, cela reste un exercice délicat. »

Le RN pour la baisse des taxes sur l’énergie

En perte de vitesse dans les sondages, Marine Le Pen, la championne d’extrême-droite du Rassemblement national, promet « un choc de pouvoir d’achat » pour « restituer » au total 200 euros par mois aux ménages français. « Il faut faire baisser la pression qui pèse sur leurs dépenses contraintes et je vais y arriver », souligne-t-elle. Sa méthode : abaisser à 5,5% la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité, considérés comme des « biens de première nécessité ». « Votre plein d’essence vous coûterait 8 euros de moins ! », fanfaronne-t-elle. Ce qui laisse dubitatif l’économiste Roland Rathelot: « Une telle mesure cible mal les personnes qui en ont besoin, avance Roland Rathelot. En effet, beaucoup de consommateurs d’énergie qui sont à l’aise financièrement bénéficieront de la baisse de TVA. Il existe d’autres leviers plus efficaces pour aider les ménages modestes. » Autre critique: baisser TVA sur l’essence est difficilement conciliable avec les objectifs de réductions d’émission de gaz à effet de serre sur laquelle la France s’est engagée. Quant à Eric Zemmour, son concurrent direct pour le vote extrême, il reste pour l’instant muet sur le sujet.

A gauche, on veut augmenter le smic

A gauche, les candidats privilégient des pistes plus classiques d’augmentation des salaires. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis, veut porter le smic à 1.400 euros par mois. Une proposition séduisante sur le papier mais qui « pèse sur la compétitivité des entreprises et pénalise les salariés peu qualifiés soumis à la concurrence mondiale », d’après Gilbert Cette, spécialiste du marché du travail. Même logique du côté de l’écologiste Yannick Jadot qui veut doper le salaire minimum de 10% et dégeler le point d’indice dans la fonction publique. Enfin, la socialiste Anne Hidalgo promet de doubler le salaire des personnels de l’Education nationale. Ce qui coûterait quelque 35 milliards d’euros par an. Une paille. 

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