Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en Géorgie, jeudi 14 octobre, pour réclamer la libération de l’ancien président Mikheïl Saakachvili, incarcéré depuis le début d’octobre et en grève de la faim.
Président de la Géorgie entre 2004 et 2013, M. Saakachvili, 53 ans, a été arrêté le 1er octobre à son retour d’un exil de huit ans afin de purger une peine de six ans de prison pour « abus de pouvoir ». Son emprisonnement s’inscrit dans le cadre de la crise politique qui secoue la Géorgie depuis les dernières élections législatives d’octobre 2020, remportées de justesse par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le grand rival de M. Saakachvili.
Depuis, la formation de ce dernier, le Mouvement national uni (MNU), a obtenu 30,6 % des voix aux élections municipales du 3 octobre, contre 46,7 % pour Rêve géorgien. Les partis d’opposition ont cependant rassemblé 53 % des voix et dénoncé des fraudes massives. Dans les principales villes, dont la capitale, Tbilissi, des seconds tours auront lieu le 30 octobre entre des candidats du pouvoir et ceux du MNU.
Près de 50 000 personnes à Tbilissi, selon une estimation
« Libérez Saakachvili ! », « Non à la persécution politique ! », pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants à Tbilissi, qui étaient également munis de portraits de l’ex-chef de l’Etat. Selon une estimation d’un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), au moins 50 000 personnes s’étaient rassemblées sur la place de la Liberté, dans le centre de la ville. Tout au long de la journée, des véhicules formant des convois ont acheminé à Tbilissi les manifestants qui se sont réunis à l’appel de M. Saakachvili et de ses soutiens, selon les images diffusées par des chaînes de télévision.
Dans un message lu aux manifestants par son avocat, M. Saakachvili a appelé à faire de son pays « un phare de la démocratie » et à « sauver la Géorgie grâce à l’unité et la réconciliation nationales ». L’ancien président rejette cette condamnation qu’il juge politique et dit avoir commencé une grève de la faim pour protester contre son incarcération. Des médecins ont exprimé leur préoccupation au sujet de son état de santé.
Signe de l’inquiétude suscitée par l’arrestation de M. Saakachvili, les Etats-Unis avaient appelé la semaine dernière Tbilissi à s’assurer que l’opposant « bénéfici[ait] d’un traitement équitable, conformément au droit géorgien et aux engagements internationaux de la Géorgie en matière de droits humains ». M. Saakachvili a été déchu de sa nationalité géorgienne et possède un passeport ukrainien depuis 2016. Avant de regagner son pays natal, il a vécu plusieurs années en Ukraine, où il était chef du comité exécutif du conseil national des réformes.
La semaine dernière, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait réclamé que M. Saakachvili puisse revenir en Ukraine, mais le gouvernement géorgien s’est jusqu’à présent montré ferme sur cette question. Le premier ministre, Irakli Garibachvili, a ainsi lâché la semaine dernière : « Personne sur terre n’est en mesure de nous convaincre de libérer Saakachvili », qui va « purger toute sa peine ».
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