Pour trouver de quoi fabriquer et livrer ses vélos, Wayne Sosin de Worksman Cycles assure avoir tout tenté depuis le début de la pandémie. Cela fait six semaines qu’il cherche un conteneur pour envoyer une cargaison en Arabie saoudite. En vain.
Sans parler du fournisseur de pneus qui prévoit un an d’attente. Ou du prix de l’acheminement d’un conteneur d’Asie aux Etats-Unis, passé d’environ 6.000 dollars à 25.000 ou 30.000 dollars.
« Ce n’est vraiment pas facile », résume à l’AFP le sexagénaire au sujet de cette société basée à New York qui s’est fait un nom avec ses tricycles renforcés.
Entre les fermetures d’usines pour cause de pic de contamination, l’explosion de la demande pour certains produits comme les vélos ou les ordinateurs, le manque de personnel dans les entrepôts ou pour conduire les camions, le Covid a bouleversé l’économie mondiale. Et de nombreuses entreprises peinent à s’approvisionner.
Une multinationale comme Nike a prévenu que certains de ses produits, chaussures et vêtements de sports, pourraient temporairement n’être plus disponibles.
Un supermarché Walmart en août 2020 à Washington (AFP/Archives – NICHOLAS KAMM)
Pour assurer que les rayons seront bien achalandés à l’approche des fêtes, le géant des supermarchés Walmart a affrété ses propres bateaux.
Pour les chefs de petites entreprises, les défis logistiques sont de moindre ampleur mais tout aussi complexes.
– Facture 136% plus élevée –
Jack Hillman est le manager de Hall-Woolford, une compagnie d’une dizaine de personnes qui fabrique à Philadelphie des réservoirs d’eau qui font partie intégrante de l’horizon new-yorkais depuis 1854.
En début d’année, il a surtout dû jongler avec la flambée des prix du bois, redescendus depuis aux Etats-Unis. Il doit désormais gérer le fer, qu’il utilise pour cercler les réservoirs.
Des réservoirs d’eau sur les toits d’immeubles à New York en mai 2018 (AFP/Archives – Hector RETAMAL)
Les commandes arrivent habituellement en huit semaines. La dernière a pris plus de cinq mois. « Et quand le camion est arrivé, il n’était même pas plein, mais on a dû payer plein pot. On n’a pas le choix. »
Ses fournisseurs ne prennent plus la peine d’indiquer un prix dans les devis.
Pour sa dernière commande de planches de pin blanc, il n’a d’abord rien trouvé pendant trois mois. Quand il est parvenu à mettre la main sur un lot, « le prix était 136% plus élevé que la commande précédente », dit-il.
Par peur de manquer de bois de construction, il a récemment passé une commande deux fois plus importante que nécessaire.
Hall-Woolford n’a jamais eu à interrompre sa production, mais l’entreprise a facturé aux clients les coûts supplémentaires.
Worksman Cycles, qui emploie environ 45 personnes à New York et dans une usine en Caroline du Sud, ne peut pas, elle, se permettre de trop augmenter les prix de ses vélos et a dû jusqu’à présent encaisser la majeure partie du surcoût.
Wayne Sosin s’attend à ce que les problèmes d’approvisionnement persistent encore en 2022.
Mais la situation finira peut-être par se résorber car la demande pour les vélos non-électriques devrait désormais se tasser, anticipe-t-il. Certains importateurs ayant multiplié les commandes voient les livraisons arriver seulement cet automne.
– Rupture de stock –
Gérant du site de pièces automobiles Sohi Performance, Mike a pour sa part arrêté d’appeler les clients pour les prévenir que leurs commandes arriveraient en retard et leur donner une nouvelle date.
Des roues de vélos en vente dans une boutique de New York en juin 2021 (Getty/AFP/Archives – Michael M. Santiago)
« On a changé le site pour simplement dire: cet article est en rupture de stock, nous l’enverrons une fois qu’il sera de nouveau en stock », explique le patron de cette entreprise californienne. Habituellement, seulement 1% à 2% des commandes passées sont retardées. « Actuellement, c’est environ 97% », dit-il à l’AFP.
Les problèmes ont commencé à apparaître il y a un an. Et toutes les marques sont concernées, qu’elles soient fabriquées en Asie, en Suède ou aux Etats-Unis. « Il suffit qu’une pièce manque », remarque-t-il.
Le chiffre d’affaires de son entreprise, qu’il co-gère avec sa compagne, a été divisé par deux. « On travaille dans le commerce, on sait que le business fluctue », philosophe-t-il. Ses fournisseurs lui ont dit il y a quatre mois que la situation s’améliorait. « Au jour le jour, je continue à gérer des centaines de commandes en retard. »
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