C’est face à une foule compacte de plusieurs dizaines de milliers de personnes (près de 100 000, selon l’estimation optimiste du service de presse de l’hôtel de ville) que Donald Tusk, président du plus grand parti d’opposition (Plate-forme civique, PO), s’est exprimé, dimanche 10 octobre, sur la petite place située face au palais royal de Varsovie, au cœur de la vieille ville. Brandissant des drapeaux polonais et européens, elles avaient répondu à l’appel que l’ancien président du Conseil européen avait lancé trois jours plus tôt, après que les juges constitutionnels du pays eurent rendu un jugement controversé remettant en cause le principe de primauté du droit de l’Union européenne (UE), pierre angulaire de l’ordre juridique communautaire.
Manifestation pro-UE à la suite d’un arrêt du Tribunal constitutionnel contre la primauté du droit européen en Pologne, à Varsovie, le 10 octobre 2021. WOJTEK RADWANSKI / AFP
« J’appelle tous ceux qui veulent défendre une Pologne européenne à me rejoindre », avait-il lancé dans un tweet. En plus du rassemblement s’étant tenu dans la capitale, plus d’une centaine de manifestations ont été recensées à travers le pays. Malgré la diversité des intervenants (vétérans de l’insurrection de Varsovie de 1944, membres de la société civile, personnel politique, artistes…), un même message s’est détaché des prises de parole : face aux multiples atteintes à l’Etat de droit dont le parti Droit et justice (PiS) s’est rendu coupable depuis son arrivée au pouvoir en 2015, l’UE peut et doit agir comme une bouée de sauvetage.
« Les institutions européennes doivent nous soutenir !, s’est exclamée à la tribune Marta Lempart, l’une des figures emblématiques de l’organisation “Grève des femmes” (Ogolnopolski Strajk Kobiet) ayant mené les manifestations contre l’anéantissement du droit à l’IVG par le Tribunal constitutionnel un an auparavant. Car c’est nous qui menons cette guerre pour les valeurs européennes. »
Deux défauts importants
Malgré un relatif succès d’affluence, l’événement a toutefois pâti de deux défauts importants. D’une part, la nette sous-représentation des jeunes dans un auditoire dont la moyenne d’âge semble avoisiner les 50 ans. Un fait qui explique l’énergie dépensée par Adam Bodnar, ancien défenseur des droits, à les convaincre lors de son intervention : « La lutte pour l’Etat de droit n’est pas qu’une affaire de juristes : c’est votre combat, c’est votre avenir ! »
Second élément, un étrange sentiment de déséquilibre dans la représentation des partis politiques. Tandis que la PO était représentée au plus haut niveau (outre M. Tusk, étaient présents le président du Sénat, Tomasz Grodzki, ainsi que le maire de Varsovie et ancien candidat à l’élection présidentielle, Rafal Trzaskowski), aucune personnalité majeure du camp de l’opposition pro-européenne n’a fait le déplacement, faute d’avoir été associée en amont à l’initiative de M. Tusk. En particulier, l’absence de Szymon Holownia, ancienne vedette de télévision et figure de la troisième force politique du pays, a été amèrement remarquée.
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