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Vent de panique au Cachemire où les minorités religieuses sont la cible des terroristes

Un membre de la communauté sikhe bloque une route pour protester contre le meurtre d’une enseignante d’une école publique, à Srinagar, en Inde, le vendredi 8 octobre 2021. MUKHTAR KHAN / AP

Le double meurtre a eu lieu dans l’enceinte d’une école publique de la banlieue de Srinagar, la plus grande ville du Cachemire. La directrice de l’établissement, sikhe, et un enseignant, hindou, ont été froidement abattus, de plusieurs balles de revolver, tirées à bout portant, jeudi 7 octobre. Selon des témoins, les assaillants ont exigé de connaître l’identité des personnels présents et ont fait sortir les musulmans. Aucun élève n’était présent. Deux jours auparavant, un pharmacien de Srinagar, connu et apprécié, avait été tué, ainsi qu’un vendeur ambulant originaire du Bihar et le responsable d’une association de taxis de Bandipora. Le 3 octobre, deux autres civils étaient abattus par des terroristes, qui ont à chaque fois usé du même mode opératoire.

En tout, sept personnes ont été assassinées en six jours au Cachemire, la seule région d’Inde à majorité musulmane, où des groupes séparatistes mènent depuis 1989 une lutte sanglante contre les autorités de Delhi et réclament l’indépendance ou la fusion avec le Pakistan frontalier. Le conflit au Cachemire a fait près de 60 000 morts en deux décennies.

Ces assassinats ciblés ont été revendiqués par le Front de résistance, une formation née après la décision brutale de Narendra Modi de révoquer, le 5 août 2019, la semi-autonomie dont jouissait le Cachemire. La police la soupçonne d’être affiliée au Lashkar-e-Tayyaba (LeT), un groupe terroriste basé au Pakistan. L’Inde redoutait depuis quelques semaines que le retour des talibans en Afghanistan n’entraîne un regain d’activité terroriste au Cachemire.

Les pandits visés

Dans un communiqué, le Front de résistance menace de perpétrer d’autres actions. « Nous voulons qu’il soit clair que les étrangers, détenteurs de domicile, les laquais et les collaborateurs, quelle que soit leur religion, ne seront pas épargnés », est-il écrit.

En fait, l’organisation a clairement ciblé les minorités, sikhe et hindoue, même si parmi les victimes figurent également des musulmans. Le pharmacien était un symbole, un pandit, un hindou du Cachemire, qui n’avait jamais quitté sa région même lorsqu’une vague de terreur en 1990 avait fait fuir entre 200 000 et 300 000 hindous. Le gouvernement de Narendra Modi a encouragé leur retour depuis 2010, avec la promesse d’un emploi et d’un logement. L’enseignant abattu était l’un d’eux.

D’après les chiffres de la police, 28 civils ont été tués depuis le début de l’année, dont une majorité de musulmans. Tous les partis de l’opposition ont condamné ces actes odieux, mais ils dénoncent également la stratégie de tension communautaire du gouvernement Modi et son incapacité à contenir le terrorisme. Le coup de force opéré en août 2019 n’a rien arrangé. Le déploiement de milliers de forces de l’ordre supplémentaires dans une région déjà ultra-militarisée, le bouclage total de la vallée pendant plusieurs mois, le gel des communications et d’Internet, l’arrestation arbitraire de centaines de personnes, notamment des responsables de l’opposition, les restrictions de mouvement et de réunion n’ont pas permis de rétablir la sécurité, malgré les promesses de Modi, mais ont nourri un ressentiment grandissant dans la population.

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