Mais que se passe-t-il en Irlande ? Jeudi 7 octobre, le pays a accepté d’augmenter son sacro-saint impôt sur les sociétés, lequel va passer de 12,5 % à 15 %, afin de s’aligner sur l’impôt minimum mondial décidé vendredi par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Trois jours plus tôt, le gouvernement présentait un grand plan d’investissement dans les infrastructures de 165 milliards d’euros, après plus d’une décennie de prudence budgétaire. Les deux piliers du modèle économique national – faible fiscalité et austérité – semblent quelque peu ébranlés. « Le pays se dirige vers un modèle un peu plus social-démocrate qu’avant », estime Kieran McQuinn, économiste à l’Economic and Social Research Institute (ESRI), sis à Dublin.
Le changement fiscal est le plus symbolique. L’impôt sur les sociétés à 12,5 %, et surtout les nombreux à-côtés qui permettaient de payer nettement moins, ont longtemps été la marque de fabrique de la verte Erin. Même quand elle a eu besoin d’un plan de secours du Fonds monétaire international et de l’Union européenne (UE) en 2010, après la faillite de ses banques, elle a refusé d’en changer. La stratégie consistait à attirer le plus possible les multinationales du monde entier, en particulier des Etats-Unis.
Celle-ci a très bien fonctionné. Après la crise de 2010, la reprise est venue des exportations des multinationales. Malgré la pandémie de Covid-19, l’Irlande a été le seul Etat de l’UE à ne pas connaître de récession : les exportations dans la pharmacie et les nouvelles technologies, deux de ses secteurs de pointe, ont compensé la chute de la consommation due aux confinements. En 2020, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a été de 5,9 % et elle devrait dépasser 12 % en 2021 (les multinationales sont tellement prépondérantes en Irlande que le PIB est une mesure qui déforme la réalité économique locale ; l’ESRI calcule une donnée alternative, qui donne – 4,2 % en 2020 et + 7,1 % en 2021, ce qui reste très solide).
« Plus d’investissements et plus d’éducation »
Pendant la négociation sur l’accord concernant une taxation mondiale minimum, l’Irlande a continué à se faire tirer l’oreille. En exprimant sa réticence, le gouvernement a envoyé un signal clair aux investisseurs : elle n’ira pas au-delà du taux de 15 %. « Nous avons pu l’accepter parce que les Etats-Unis, d’où viennent une grande partie de nos multinationales, faisaient partie de l’accord », précise Gerard Brady, économiste à l’IBEC, le patronat.
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