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Les écologistes français pourraient s’inspirer du « réalisme » des Verts allemands

Des travailleurs retirent une affiche de campagne électorale montrant Annalena Baerbock, coprésidente des Verts allemands, au lendemain des élections générales . A Cologne, le 27 septembre 2021. THILO SCHMUELGEN / REUTERS

Des écologistes qui prennent l’initiative de construire une coalition, quitte à griller la politesse à d’anciens partis de gouvernement, cela n’existe pour le moment que d’un côté du Rhin. A moins que. Certains en France analysent la victoire de Yannick Jadot à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) comme la manifestation d’une maturité enfin atteinte par les écologistes français. Et le signal d’un tournant réaliste. Il y a bien sûr un inévitable débat sur les mots : Yannick Jadot défend une écologie de « solutions », il est « pragmatique », mais se dit néanmoins « radical » à l’issue d’une primaire qui a vu les débats se cristalliser sur le terme, porté par sa concurrente Sandrine Rousseau. « La vraie radicalité, c’est d’accéder aux responsabilités », a-t-il insisté pendant toute la fin de la campagne. Et le pouvoir, ce n’est pas « confortable », avait-il prévenu dès la mi-août.

Yannick Jadot, un « réalo » à l’allemande ? Quand on lui demande de définir le terme et qu’on mentionne qu’il est parfois utilisé en France comme un procès en centrisme, Jens Althoff, directeur du bureau parisien de la Fondation Heinrich-Böll, proche des Grünen, s’étonne : « L’idée de base des réalos, c’est qu’un parti quitte une logique exclusivement protestataire et tente d’arriver au pouvoir. De ce point de vue, les Grünen sont aujourd’hui tous des réalos. » Quant à Yannick Jadot ? Nonobstant des sondages peu encourageants pour toute la gauche, « l’idée que des écologistes en France pourraient vraiment arriver à la présidence, c’est fidèle à la définition du mot », estime M. Althoff.

Sandra Regol, numéro deux d’EELV, n’aime pas beaucoup ce terme difficilement transposable : « Si on parle de volonté d’accession au pouvoir, à ce moment-là tout le monde chez nous est réalo, déjà en 2019, la campagne des européennes s’est faite sur l’idée qu’on ne pouvait plus attendre pour prendre le pouvoir. » Mais elle note, « en même temps », la volonté de « ne pas faire de compromis sur le climat ».

Etroitesse du parallèle

Daniel Cohn-Bendit, qui connaît bien les deux partis et a étroitement côtoyé le vainqueur de la primaire lors de la création d’EELV en 2009, prend moins de pincettes. « Oui, Yannick Jadot, c’est la victoire d’une tendance réalo, d’une avancée de réalisme chez les Verts » français, estime-t-il. Mais il l’appelle aussi à aller plus loin : « Si la radicalité, c’est prendre ses responsabilités pour gouverner, il faut aller jusqu’au bout. »

Pour l’ancien leader de Mai 68, qui a soutenu Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, le réalisme exige plus que des discussions avec les partis de gauche. « Le compromis historique pour la France, c’est entre La République en marche et les écologistes, entre Macron et Jadot, affirme-t-il. Ils sont différents, mais il y a le même fossé en Allemagne entre les libéraux et les Grünen, et on ne peut pas dire qu’on prend ses responsabilités si on se met sur la touche. Si on attend que les Verts aient 50 %, pauvre climat ! » Voilà pour le réalisme poussé « au bout ».

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