Il dispute mercredi sa première course dans la peau d’un double champion du monde, toujours vêtu du maillot arc-en-ciel. Une semaine et demie après son titre à Louvain (Belgique), Julian Alaphilippe se lance sur la route du Milan-Turin, au nord d’une Italie qu’il aime tant, pour son avant-dernière course de la saison. Si l’objectif est de se préparer pour le Tour de Lombardie de samedi, un dernier monument qu’il a placé comme une de ses priorités, l’Auvergnat ne compte pas prendre à la légère une course qui a récemment couronné deux français : Thibaut Pinot en 2018 et Arnaud Démare en 2020.
Julian, la dernière fois que nous t’avons vu, c’était à Louvain, pour ce titre mondial, comment se sont passés ces derniers jours?
Après les championnats du monde j’étais très fatigué. Je suis rentré un peu malade donc j’ai pris trois ou quatre jours pour vraiment couper. J’ai pu apprécier passer du temps avec ma famille, je pense être vraiment frais pour mes deux dernières courses.
Paris-Roubaix a été extraordinaire le week-end dernier, as-tu des regrets de ne pas l’avoir disputé?
Non je ne regrette rien. J’étais content de passer ma journée derrière la télé pour encourager les copains. C’est une course à part qui ne ressemble à aucune autre. Je vais y participer un jour, c’est sûr, j’en ai envie mais cette fois ce n’était pas le moment. J’ai vraiment profité de mon dimanche derrière la télé.
Quel relation as-tu eu avec ton maillot ces derniers jours? Tu l’as regardé, lui a donné rendez-vous mercredi?
J’étais content bien sûr mais je l’ai rangé dans un coin, je l’ai pas encore encadré. J’ai profité du temps avec lui, avec la famille. C’est le dernier déplacement avant la coupure hivernale. Une semaine, deux belles courses, une grande motivation pour terminer cette année et l’envie de bien faire.
Te sens-tu capable de gagner à Turin?
J’espère! Je suis dans une bonne forme mais je sais qu’il y a beaucoup de coureurs qui seront toujours motivés et qui sont, eux aussi, dans une bonne forme. Je suis confiant sur le fait qu’on ait une équipe très forte, on est là pour donner notre meilleur. On verra ce qu’on peut faire.
L’arrivée de ce Milan-Turin s’effectue au Superga, un parcours idéal pour des coureurs dans ton genre, penses-tu avoir les jambes pour bien finir?
Je pense que je vais m’en rendre compte tout de suite, dès le premier passage du mur. Après on a une équipe très forte, on va se parler pour agir de la meilleure des manières sans oublier les adversaires qui seront redoutables. Ce sont les jambes qui vont parler dans un final comme ça, je verrai comment je me sens et si ça ne va pas ce sera toujours une bonne journée pour samedi (Tour de Lombardie).
As-tu tiré des leçons de l’an passé lorsque tu disais que c’était difficile de porter ce maillot arc-en-ciel, que cela donnait une pression supplémentaire…
Certaines, oui, mais je pense que ça prendra un peu plus de temps. J’en aurais cet hiver pour penser à tout ça et préparer l’année prochaine. Je m’étais préparé à perdre le maillot, c’était une sorte de soulagement mais d’un autre côté on prend le départ d’un championnat du monde pour gagner. Ce maillot reste le plus beau dans le cyclisme, c’était mon rêve de le porter une année, c’est un rêve qui se réalise pour la deuxième fois donc c’est quelque chose de spécial. Je sais déjà que je vais modifier des choses pour l’année prochaine, je verrai comment je vais m’organiser cet hiver.
Comment vois-tu cet hiver tranquille, sans obligation, avant une saison chargée?
Il y a c’est vrai beaucoup de sollicitations mais il faut prendre du recul, prendre du temps pour soi. Je vais être content de profiter de ma coupure et pour les sollicitations on verra quand on va reprendre l’entrainement et les stages. Je sais que c’est un maillot qui demande beaucoup de temps, ça fait partie du job. Je vais parler avec l’équipe pour faire ça au mieux mais aussi prendre du temps pour moi.
Peux-tu être encore plus attendu que l’an dernier?
C’est encore trop tôt pour répondre à cette question, c’était la semaine dernière donc pour l’instant ça n’a rien changé, j’arrive ici motivé. Ça ne change rien que ce soit un nouveau maillot, tout simplement parce que c’est le même (rires). Je suis attendu sur chaque course, j’ai déjà fait deuxième du Tour de Lombardie donc on m’attend au tournant, Remco (Evenepoel, son coéquipier) sera attendu aussi. Il faut juste rester tranquille et ne pas oublier que beaucoup de coureurs veulent gagner ces courses-là.
Est-ce la saison la plus éprouvante de ta carrière ?
Oh (il soupire) oui et non. Je me souviens de 2019, une saison particulièrement fatigante, j’avais d’ailleurs peiné à la terminer. Je me sens relativement bien pour la terminer ici en Italie. J’ai bien récupéré après les championnats du monde, après le Tour de France aussi car je n’ai pas fait le Critérium. Il y a plein de petites choses comme ça qui m’ont fait gagner de l’énergie pour terminer la saison.
Tu réussis bien en Italie, comment expliquer cette réussite transalpine?
Je n’ai pas d’explication particulière mais j’ai toujours aimé être en Italie. Au-delà du fait que ce soit un superbe pays il y a des courses qui me correspondent bien, les Strade, Milan-San Remo, Tirreno, ce sont que des courses qui me plaisent, où j’ai fait des résultats donc ça donne envie d’y revenir. Le public italien est toujours nombreux, c’est une ambiance particulière de courir en Italie.
Au-delà du vélo, peux-tu décrire ta relation avec l’Italie?
Malheureusement je n’ai pas eu beaucoup de temps pour visiter, pour y venir en vacances mais c’est vraiment l’un de mes pays préférés. J’adore beaucoup de villes italiennes, l’atmosphère durant les courses, les belles voitures qu’on y trouve, la nourriture y est toujours bonne. L’Italie a un tas de qualités, je me sens bien ici et j’espère, après ma carrière, avoir plus de temps pour y visiter différents endroits.
Tu clôtures ta saison ce week-end, peux-tu déjà faire un bilan?
Je suis très content. Porter le maillot toute l’année a été quelque chose à part. Il y a eu des belles victoires, des moments plus durs aussi, c’est une année particulière que je n’oublierai jamais, qui a marqué ma carrière. Le bilan est très bon.
Quels ont été les moments les plus durs?
Surtout en début de saison, j’ai peiné à me remettre en route après le Tour de Provence, ma première course. J’étais tombé un peu malade et j’ai galéré jusqu’aux Classiques. Le Tour de France a très bien commencé mais j’ai eu du mal à terminer. Ce sont des moments comme ça où j’aurais aimé que ça se passe autrement mais avec du recul je suis content de la manière dont ça s’est passé.
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