La tension ne redescend pas entre Taïwan et la Chine. Taipei a vivement dénoncé l’incursion record, lundi 4 octobre, de 56 avions de l’armée chinoise dans sa zone de défense aérienne.
Le ministère taïwanais de la défense a annoncé qu’il avait fait décoller des appareils pour émettre des avertissements après que 36 chasseurs, 12 bombardiers ayant une capacité nucléaire H-6 et d’autres avions étaient entrés dans sa zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) du sud-ouest. Quatre autres avions chinois ont, plus tard dans la nuit, pénétré cette zone, qui est un espace aérien dans lequel un Etat souhaite identifier et localiser les aéronefs pour des raisons de sécurité nationale.
En 2020, 380 avions des forces aériennes chinoises ont été détectés dans la zone d’identification de défense aérienne de Taïwan. Depuis janvier 2021, ils sont plus de 600.
Démonstration de force
De son côté, le Conseil des affaires du continent, le principal organe de décision de Taïwan en matière de politique à l’égard de la Chine, a accusé cette dernière de « porter gravement atteinte au statu quo » dans le détroit de Taïwan. « Nous exigeons des autorités à Pékin qu’elles cessent immédiatement leurs actions provocatrices non pacifiques et irresponsables », a déclaré dans un communiqué son porte-parole, Chiu Chui-cheng, affirmant que Taïwan « ne cédera[it] jamais » aux menaces.
Pékin considère cette île peuplée de 23 millions d’habitants comme une province rebelle appelée à retourner dans son giron, si nécessaire par la force. Depuis l’arrivée de Xi Jinping à la tête de la Chine en 2012, des avions de guerre chinois ont presque quotidiennement pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne.
Vendredi, le jour anniversaire de la Chine communiste, un nombre record d’avions des forces aériennes chinoises, 38 au total, parmi lesquels un bombardier H-6 à capacité nucléaire, étaient entrés dans cette zone. Samedi, un nouveau record avait été établi avec l’incursion de 39 appareils, selon le ministère taïwanais de la défense.
De telles incursions de l’aviation chinoise dans cette zone se sont multipliées depuis deux ans, Pékin entendant effectuer ainsi des démonstrations de force à des moments importants. C’est également, pour la Chine, un moyen d’éprouver la flotte vieillissante d’avions de chasse de Taipei.
Les Etats-Unis dénoncent des « provocations militaires »
Le lendemain, via un communiqué du département d’Etat, les Etats-Unis s’étaient dits « très inquiets » des « provocations militaires » de la Chine près de Taïwan, les jugeant « déstabilisatrices » pour la « paix et la stabilité régionales ». « Nous exhortons Pékin à cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques et sa coercition contre Taïwan », a ajouté Washington, réaffirmant son « engagement indéfectible » aux côtés de cette île.
Le ministère chinois des affaires étrangères a réagi, lundi, à ces propos, accusant Washington d’envoyer « un signal extrêmement erroné et irresponsable » de par ses actions « provocatrices », telles que la vente d’armes à Taipei et l’envoi de navires de guerre dans le détroit de Taïwan. « Les Etats-Unis devraient rectifier leurs erreurs, sincèrement se plier au “principe d’une seule Chine” (…) gérer prudemment et de manière adéquate la question de Taïwan et arrêter de soutenir les forces séparatistes indépendantistes taïwanaises », a déclaré sa porte-parole Hua Chunying.
Dans ce contexte tendu, une mission du Sénat français est attendue, mardi 5 octobre, dans l’île. Conduite par Alain Richard, président du groupe d’échanges et d’études Sénat-Taïwan, cette délégation rencontrera notamment la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.
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