Branle-bas de combat au rayon papier toilette de nos supermarchés. Après des achats frénétiques dûs à « un effet panique » constaté lors du premier confinement en mars 2020, une hausse des prix sur ce produit de première nécessité pourrait être visible dès 2022 pour le consommateur. Arnaud Lafleur, vice-président France, Belgique, Italie du groupe leader des produits d’hygiène et de santé Essity (Lotus, Tena, Okay, Demak’up) n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme, appelant la grande distribution à prendre sa part de responsabilité.
Depuis janvier 2021, l’entreprise suédoise subit en effet de plein fouet une augmentation de ses coûts de plus de 30%. Une facture alourdie qui s’explique par différents facteurs, à savoir la hausse des coûts des matières premières, à laquelle viennent se conjuguer « depuis quelques mois » une augmentation du prix de l’énergie et des transports, fait savoir le dirigeant. Composée de résineux et de fibres d’eucalyptus, importés respectivement de Scandinavie et d’Amérique latine, la pâte à papier a vu son cours flamber de plus de 70% depuis le début de l’année. Sachant qu’après la pandémie, la demande mondiale en papier toilette a littéralement explosé avec une hausse des importations constatée en Asie et en Amérique du Nord.
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Depuis janvier 2021, l’entreprise suédoise subit en effet de plein fouet une augmentation de ses coûts de plus de 30%. Une facture alourdie qui s’explique par différents facteurs, à savoir la hausse des coûts des matières premières, à laquelle viennent se conjuguer « depuis quelques mois » une augmentation du prix de l’énergie et des transports, fait savoir le dirigeant. Composée de résineux et de fibres d’eucalyptus, importés respectivement de Scandinavie et d’Amérique latine, la pâte à papier a vu son cours flamber de plus de 70% depuis le début de l’année. Sachant qu’après la pandémie, la demande mondiale en papier toilette a littéralement explosé avec une hausse des importations constatée en Asie et en Amérique du Nord.
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Une hausse de ses tarifs à deux chiffres
Mais aujourd’hui, Essity ne veut plus assumer seul cette hausse inédite, tout en assurant que « la pénurie n’est pas un sujet ». Le fabricant présent dans 150 pays réclame à la grande distribution de partager la facture. Les négociations commerciales pour 2022 avec les grandes enseignes viennent de commencer. Le groupe réclame une hausse « à deux chiffres », entre 13 et 14% pour son papier toilette Lotus qui représente 50% de son activité retail. « Sachant que cette hausse n’absorbe pas l’ensemble de la hausse globale, fait savoir Arnaud Lafleur. Essity souhaite en effet répartir cette hausse sur l’ensemble de la chaîne afin d’en atténuer l’impact auprès du consommateur ». Au final, si chacun assume sa part, cette hausse pourrait se traduire par « seulement quelques centimes d’euros » pour le consommateur, fait savoir l’entreprise qui a réalisé en 2021, 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
D’autant que ce sont bien toutes les gammes des produits d’hygiène du groupe qui sont impactés par cette hausse des matières premières et de l’énergie. « Ce phénomène a commencé via la pâte à papier, mais il est en train de se propager sur nos autres produits, comme le coton qui a pris plus de 20% », détaille l’entreprise. Pour le moment, seule l’enseigne Système U semble avoir envoyé un signal positif à la filière, en assurant que la hausse du prix des matières premières se traduirait d’une manière ou d’une autre dans les rayons, citant pour exemple le papier toilette, les pâtes et le café. Une position « rassurante » pour le dirigeant.
De son côté, l’entreprise américaine Kimberly-Clark qui produit le papier toilette Cottonelle n’anticipe pas de pénuries dues à la pâte. Le groupe évoque bien « une augmentation sans précédent du coût des intrants ». Mais « notre engagement a toujours été de garantir à nos consommateurs le meilleur rapport qualité-prix pour nos produits, fait savoir le groupe. Nous devrons peut-être apporter des ajustements de prix aux détaillants ou des changements au niveau de nos produits pour maintenir leur qualité supérieure, ce que les consommateurs nous disent être le plus important pour eux ». Contacté par Challenges, le groupe portugais Renova n’a pas souhaité prendre la parole, indiquant avoir « été impacté comme tous », mais être parti « sur des réflexions différentes ».
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Une pâte à base de paille de blé
Rappelons qu’en 2020, Essity a connu une hausse « raisonnable » de 2 à 3% de son activité papier toilette. Aujourd’hui, l’entreprise qui a supprimé 1.000 postes en 2019 fait savoir que l’une de ses priorités est de continuer à investir dans l’Hexagone, tout en préservant ses emplois. Ce sont en effet 2.500 salariés qui se répartissent sur huit sites à travers la France. Dont un laboratoire de recherche et développement mondial basé en Alsace, et ses « 70 employés qui mettent au point les produits du futur ». Citant pour exemple la technologie sans tube en carton, donc « zéro déchet pour le consommateur », qui a été lancée en 2018 sur le papier toilette et qui arrive cette année sur l’essuie-tout de la marque Okay. Au total, ce sont 150 millions d’euros qu’Essity a donc investis dans ses usines en France ces six dernières années, dont 20 millions pour cette seule technologie.
En attendant que les négociations commerciales avec la grande distribution s’achèvent au 28 février, le fabricant travaille à une nouvelle recette de pâte à papier qui inclurait des fibres alternatives afin de réduire son impact carbone. Jeudi 30 septembre, a été ainsi inauguré en Allemagne le pilote industriel d’une nouvelle ligne de production qui incorpore de la paille de blé sourcée localement, qui a nécessité près de 70 millions d’euros d’investissements. Ce nouveau produit sera mis en rayon outre-Rhin dès l’année prochaine. La France, l’Angleterre ou encore l’Espagne devraient suivre. « Si nous n’arrivons pas à tenir la barre économiquement, ce type d’investissement sera beaucoup plus difficile à réaliser », alerte Arnaud Lafleur qui rappelle par ailleurs que son entreprise a réduit de 20% l’épaisseur de ses emballages en cinq ans.
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