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A Turin, la déconfiture du Mouvement 5 étoiles

La maire de Turin, Chiara Appendino (à gauche), lors d’une minute de silence, le 31 mars 2020 à Turin, en hommage aux victimes du Covid-19. MARCO BERTORELLO / AFP

C’était il y a cinq ans, autant dire une éternité dans le cours tumultueux de la vie politique italienne. Lors des élections municipales de juin 2016, l’inclassable Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), alors en pleine ascension politique, remportait les mairies de Rome et de Turin, grâce à la victoire de deux jeunes femmes portées par la promesse d’en finir avec l’ordre ancien.

Rome, conquise par Virginia Raggi, était tombée comme un fruit mûr, après des années de gestion erratique et de scandales, qui avaient achevé de discréditer l’ensemble du personnel politique local. Mais, à Turin, l’éclatante victoire de Chiara Appendino, alors âgée de 32 ans, semblait beaucoup plus significative. Elle sonnait comme l’annonce d’une conquête nationale du pouvoir par le M5S, qui allait d’ailleurs advenir moins de deux années plus tard, lors des législatives de 2018.

Ces heures glorieuses semblent bien loin, alors que les Turinois sont appelés, les 3 et 4 octobre, à voter pour lui désigner un successeur. Laminée par cinq années d’un mandat aux airs de chemin de croix, Chiara Appendino a renoncé à se représenter, et Valentina Sganga, désignée par les adhérents du M5S pour lui succéder, est créditée par les sondages de moins de 10 % d’intentions de vote.

Déclin national

Comment expliquer cette déconfiture ? Il y a bien sûr le déclin national du M5S, porté aux affaires par la promesse de refonder la république : le mouvement est en perte de vitesse depuis son arrivée au pouvoir, en 2018, faute d’avoir su répondre aux attentes qu’il avait fait naître. Mais l’affaire a également une dimension locale.

Issue de la bourgeoisie turinoise (son père était une figure bien connue des milieux d’affaires locaux) et diplômée de la prestigieuse université Bocconi de Milan, Chiara Appendino avait tout pour ne pas effrayer les habitants du centre-ville et la droite locale, tout en séduisant les milieux populaires par sa promesse de s’attaquer avant tout aux problèmes des périphéries. La volonté de changement des Turinois avait fait le reste, qui l’avaient choisie plutôt que de renouveler leur confiance au maire sortant et ancien ministre Piero Fassino (Parti démocrate, centre gauche), figure tutélaire de la gauche locale, pourtant crédité d’une bonne gestion des affaires de la ville. Mais la popularité locale de la jeune femme allait bientôt se fissurer, face aux réalités de l’exercice du pouvoir.

« Chiara Appendino s’est trouvée condamnée à l’inaction par la division de sa majorité, entre une aile “réaliste” qu’elle dirigeait et les “mouvementistes”, qui souhaitaient une politique plus radicale », explique le journaliste Luigi La Spina, fin connaisseur des réalités politiques turinoises.

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