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Elections en Allemagne : la revanche d’Olaf Scholz, le mal-aimé du SPD

Olaf Scholz au siège du SPD après la diffusion des estimations à Berlin le 26 septembre 2021 concernant les élections législatives allemandes. ODD ANDERSEN / AFP

Pendant près de trois minutes, il est resté planté debout face aux militants qui agitaient des drapeaux et scandaient des « Olaf ! Olaf ! Olaf ! » dans le grand hall du siège du SPD, à Berlin. Puis, d’un geste de la main, il leur a demandé de se calmer, avant de revendiquer sa victoire d’une voix monocorde. Dimanche 26 septembre, à 19 heures tapantes, c’est sans la moindre émotion apparente qu’Olaf Scholz a pris acte de la légère avance du SPD sur la CDU-CSU, et déclaré son intention de former le prochain gouvernement.

En l’observant, on se disait pourtant que ce visage imperturbable et ce phrasé mécanique, qui lui valurent jadis le surnom de « Scholzomat », devaient cacher des sentiments assez mêlés. Notamment quand, à ses côtés, la présidente du parti, Saskia Esken, lui a lancé : « Ce succès est le tien ! » De la part de cette parfaite inconnue qui fut élue contre lui à la tête du parti, en décembre 2019, ces mots avaient forcément une saveur particulière.

Car, dimanche, c’est aussi une revanche personnelle qu’a prise Olaf Scholz, lui, l’éternel mal-aimé du SPD, celui qu’adorait malmener l’aile gauche du parti de 2002 à 2004, quand il était secrétaire général et qu’il défendait comme un bon petit soldat les lois réformant le marché du travail de son mentor, Gerhard Schröder ; celui qui, en 2019, a été désavoué de nouveau par l’aile gauche, qui lui reprochait cette fois sa politique budgétaire beaucoup trop orthodoxe en tant que ministre des finances et vice-chancelier d’Angela Merkel.

Improbable il y a encore quelques mois, le succès d’Olaf Scholz est aussi celui d’un opiniâtre qui ne s’est pas laissé décourager quand tout semblait aller contre lui. Quand le SPD l’a désigné pour mener la campagne des législatives, en août 2020, même la direction du parti doutait de l’utilité de présenter un candidat à la chancellerie. Englué à 15 % dans les sondages, le SPD ne semblait alors avoir aucune chance de l’emporter. Dans un tel contexte, à quoi bon briguer la direction du gouvernement s’il est à peu près clair que les électeurs vous renverront dans l’opposition ?

Aucun risque pendant la campagne

Olaf Scholz, lui, a toujours pris son rôle au sérieux. « Je serai chancelier de la République fédérale », a-t-il martelé, pendant des mois, alors que les courbes des sondages restaient aussi immobiles que les traits de son visage. Ses conseillers, eux, répétaient que son heure viendrait, mais que pour cela il fallait attendre les dernières semaines de campagne, quand les électeurs se rendraient vraiment compte qu’Angela Merkel allait quitter le pouvoir après seize années à la tête du gouvernement. C’est alors, assuraient-ils, qu’Olaf Scholz serait vu autrement : non pas seulement comme un social-démocrate gestionnaire et anticharismatique au possible, mais comme le plus compétent des candidats en lice, celui ayant la plus grande expérience gouvernementale, celui, en fin de compte, ayant le plus de points communs avec Angela Merkel.

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