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Orange : l’appel national à la grève peu suivi par les salariés

L’appel à la grève lancé pour mardi sur tout le territoire par quatre syndicats représentatifs d’Orange a été peu suivi, malgré un large éventail de revendications sur les salaires, les investissements et les recrutements.

Selon la CGT FAPT, troisième syndicat de l’opérateur, « sur l’ensemble du territoire, des rassemblements ont eu lieu sur les sites d’unités comme à Rennes avec plus de 100 salariés présents, 40 à Carquefou, 35 à la Roche-sur-Yon, 80 à Lannion, à Montpellier, à Metz… »

Sollicité par l’AFP, le groupe n’a pas communiqué de chiffres sur l’ampleur de la mobilisation au niveau national.

Devant le siège d’Orange à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), une bonne centaine de personnes s’étaient réunies dans la matinée, a constaté un journaliste de l’AFP (et « plus de 250 » sur l’ensemble de la journée, selon la CGT).

« Notre charge de travail ne cesse d’augmenter et nous ne sommes pas récompensés en conséquence. Les bénéfices d’Orange vont principalement aux actionnaires et pas aux salariés », déclare Marie-Pierre, chargée des réclamations et entrée chez France Télécom (l’ancien nom d’Orange) en 1992.

Drapeau de la CGT FAPT à la main, le délégué syndical central adjoint, Matthieu Prudhomme, déplore « un dialogue social au plus bas ».

« On revendique un rapport de force équilibré, que la direction ne prenne pas des décisions unilatérales », détaille l’informaticien, embauché par Orange il y a six ans.

La mobilisation de mardi a été organisée par l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-SUD, les quatre syndicats qui avaient déjà refusé cet été de signer l’accord issu des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires.

En juillet, la direction avait dégagé un « budget global de 1,8% des salaires dédié aux augmentations salariales pour l’année 2021 ».

« On s’amuse à compter les effets de ces mesures en nombre de +McDo+ supplémentaires par an. C’est vous dire à quel point on trouve ça ridicule », cingle Matthieu Prudhomme.

Alors qu’Orange espère réaliser un milliard d’euros d’économies d’ici 2023, les syndicats demandent « des recrutements pérennes », « l’arrêt de tous les projets de restructuration » ou encore « un investissement massif dans de réelles politiques sur l’emploi, les salaires, la R&D et le développement et maintien des réseaux ».

– « Poches de crispation » –

Seule la CFE-CGC, signataire de l’accord consécutif aux NAO, ne s’est pas associée à l’appel à la grève.

Le président du premier syndicat de l’opérateur Sébastien Crozier, dont les préoccupations convergent avec celles d’autres syndicats sur certains points, se dit perplexe quant aux demandes « excessives » des autres organisations en matière salariale.

Un stand d’Orange au forum international sur la cybersécurité à Lille, le 7 septembre 2021 (AFP/Archives – DENIS CHARLET)

Même sans la CFE-CGC, la CGT FAPT avait annoncé des rassemblements dans « toutes les directions opérationnelles » d’Orange.

« Il peut y avoir des poches de crispation », admettait-on avant la grève du côté de la direction d’Orange.

En amont de la mobilisation, Orange a lancé la semaine dernière une opération d’actionnariat salarié portant sur environ 1% du capital du groupe et réservée à ses quelque 140.000 employés.

Blâmée par ailleurs pour la réduction des effectifs, la direction met en avant la « période de transition des effectifs et des compétences » dans laquelle Orange est engagé.

Certes, « on ne va pas faire recroître les effectifs globaux » mais des recrutements sont prévus « dans le cloud, le cyber, la data et l’intelligence artificielle », se défend l’opérateur.

– « C’est la façon de faire » –

« On a réussi à avoir une unité parce qu’on est tous d’accord que le dialogue social se dégrade », fait valoir Samira Gouja, DSC de la CGT.

Face à ce constat, les syndicats ont demandé l’ouverture de discussions en vue d’un « accord de méthode sur les négociations ». Une première réunion sur ce thème est programmée fin septembre.

Le patron d’Orange Stéphane Richard, le 13 février 2020 à Paris (AFP/Archives – ERIC PIERMONT)

« On est conscients qu’on a besoin d’un certain nombre de changements, mais c’est la façon de faire » que déplore Jean-Marc Lis, le DSC de FO Com (quatrième syndicat).

« On avait un PDG très à l’écoute et depuis plusieurs mois il l’est un peu moins », juge-t-il à quelques mois de la fin du mandat de Stéphane Richard, fixée à la mi-2022.

Face à ces reproches, la direction assure percevoir les discussions autour d’un accord de méthode comme « une occasion de raviver certains accords » de dialogue social.

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