« Mais pourquoi vous me parlez tous des femmes quand vous venez me voir ? », s’étonne Bachir Ahmad Rustamzaï, un ancien lutteur et ex-propriétaire de clubs de kickboxing, aujourd’hui chargé des sports au sein du gouvernement taliban. Installé dans l’ancien bureau du président du Comité olympique afghan qui donne sur la tribune présidentielle du grand stade de football de Kaboul, il s’agace de ne pas pouvoir s’étendre sur la reprise des entraînements des hommes. « De toute façon, déclare-t-il, on n’a pas encore décidé pour les femmes, c’est toujours en discussion, il faut mettre en accord la pratique du sport et la loi islamique. »
Derrière sa grande barbe poivre et sel et sous son turban, cet homme trapu semble heureux d’être là où il est. Il fait le service minimum sur les éléments de langage conforme au discours fondamentaliste taliban. Il préfère, de loin, narrer les succès de ses « 160 académies de kickboxing réparties dans tout le pays » et des nombreuses médailles d’or gagnées lors de championnats. « Sous le premier régime taliban, j’étais responsable du kung-fu. Puis, quand ils ont été défaits, j’ai continué en travaillant pour le premier gouvernement provisoire [2001-2004] du président Hamid Karzaï dans le domaine des arts martiaux ».
« Procès d’intention de l’opinion internationale »
Il semble s’accommoder pendant plusieurs années du pouvoir en Afghanistan tenu à bout de bras par les Etats-Unis et ses alliés occidentaux. Mais, peu à peu, dit-il, il voit « le nouveau régime de l’intérieur, la corruption, les adultères, les terres vendues aux envahisseurs ». C’est alors, poursuit-il, « que j’ai décidé, en 2008-2009, de quitter mes fonctions, notamment celles de président de la fédération de kickboxing ». Il rejoint « l’insurrection dans les montagnes noires, au nord de Kaboul ». Il est arrêté en 2015, lors d’un raid de nuit par les services de renseignement afghans soutenus par des forces étrangères. Enfermé à la prison américaine de Bagram, au nord de Kaboul, il n’en sortira qu’après le 15 août, jour de la chute de Kaboul.
« Le sport, c’est un message de paix, et un outil pour notre gouvernement permettant d’entrer en relation avec le reste du monde. Nous avons déjà prévu des rencontres internationales et nous allons beaucoup voyager », assure-t-il. Quant aux menaces de l’Australie d’annuler le premier match de cricket masculin historique entre les deux pays prévu en novembre, si l’équipe de femmes afghanes n’était pas autorisée à jouer, il répond que « les Australiens se sont excusés, ils ne peuvent pas s’ingérer ainsi dans les affaires intérieures d’un autre pays ».
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