Faux départ à la Bourse de Francfort: l’indice Dax a ouvert dans le rouge lundi, perdant jusqu’à 2% dans les premiers échanges de son passage de 30 à 40 valeurs, fruit d’une réforme destinée à rajeunir son image.
A 09H51 (07H51 GMT), le Dax reculait de 1,83% à 15.206,99 points, au plus bas depuis juillet, creusant ses pertes depuis l’ouverture de la séance. La plupart des dix nouvelles valeurs, auparavant cotées sur le Mdax des valeurs moyennes, sont en baisse, à l’image de l’avionneur Airbus (-3,14% à 109,88 euros) ou du constructeur automobile Porsche (-2,83% à 81,04 euros).
« Le nouveau DAX40 a des caractéristiques de marché différentes de la précédente formule », explique Andreas Lipkow, analyste pour Comdirect. Il met la mauvaise performance de lundi sur le compte de la conjoncture internationale et notamment les turbulences du géant immobilier chinois Evergrande.
L’élargissement du Dax à quarante valeurs, décidé l’an dernier, est censé lui donner plus de diversité et l’aligner sur les standards internationaux.
Côté jeunes pousses, deux entreprises du numérique -le site de vente en ligne Zalando et le livreur de repas Hellofresh – intègrent l’élite boursière.
Le secteur de la santé, en pleine croissance, se renforce avec l’intégration du technicien médical Siemens Healthineers, de l’équipementier de laboratoire Sartorius et de la société de biotechnologie Qiagen.
Le groupe Symrise, producteur de parfums et d’arômes, récolte aussi les fruits de sa stratégie d’innovation et d’expansion internationale.
Un panneau affichant l’évolution du cours du Dax, à la Bourse de Francfort, le 27 août 2021 (AFP/Archives – Daniel ROLAND)
Mais « la vieille économie » n’a pas dit son dernier mot: Airbus entre au Dax tout comme le leader mondial de la distribution de produits chimiques Brenntag et la holding Porsche SE. Autre promu connu: l’équipementier sportif Puma retrouve son frère ennemi Adidas en première ligue boursière.
Le Dax s’offre donc un lifting mais pas de révolution et va rester dominé par l’industrie traditionnelle, notamment les poids lourds de l’automobile (Volkswagen, BMW, Daimler) ou de la chimie (BASF, Bayer, Henkel), membres historiques de l’indice.
Malgré la réforme, « l’indice manque surtout de jeunes membres issus des secteurs technologiques », notent les analystes de CMC Markets. A Wall Street, les géants technologiques comme Facebook, Amazon et Netflix forment le fer de lance des cotations boursières.
« Apple vaut actuellement plus en Bourse que l’ensemble du Dax 40 », selon CMC Markets qui y voit un symbole « du retard » pris par la Bourse de la 4ème puissance économique mondiale.
– Freins aux jeunes ? –
Le nom de Siemens apparaît même désormais trois fois. À côté de la maison-mère Siemens, pilier du Dax, la société de technologie énergétique Siemens Energy avait rejoint l’indice en mars, et est désormais flanquée de Siemens Healthineers.
Les dix nouveaux membres du Dax ont un poids limité, estimé à environ 15% du nouveau Dax. Airbus à lui seul en représente environ 5%. Toutes ces entreprises étaient auparavant côté au MDax des valeurs moyennes, qui sera ramené de 60 à 50 cotations.
Salle des traders à la Bourse de Francfort, le 27 août 2021 (AFP/Archives – Daniel ROLAND)
Mais la valeur globale de l’indice n’a pas augmenté, car celle-ci ne correspond pas à la somme des valeurs des actions le composant.
Un coefficient est appliqué à chacune des entreprises et un nouveau calcul va donc être fait diminuant la pondération des 30 valeurs historiques.
A terme, toutefois, le Dax devrait « s’apprécier légèrement grâce à une part relevée des entreprises de croissance », selon Michael Bissinger, analyste chez DZ Bank.
Aspect complémentaire de cette réforme du Dax, de nouvelles règles de gouvernance sont entrées en vigueur dans la foulée du scandale Wirecard et de la faillite retentissante de cette entreprise de paiements en ligne en juin 2020.
Cette start-up de la finance était entrée triomphalement au Dax à peine deux ans auparavant.
Désormais, les candidats au Dax doivent présenter deux ans de bilan opérationnel positif (Ebitda) et un niveau minimal de liquidité.
Au risque de laisser filer de futures stars ? Ainsi, la société allemande Biontech, qui a développé avec Pfizer l’un des premiers vaccins contre le Covid-19, a choisi – comme beaucoup de licornes européennes – de s’introduire au Nasdaq en octobre 2019.
Elle n’avait à l’époque jamais réalisé de bénéfices. Grâce à la réussite du vaccin, son cours a été multiplié par six en un an et le jeune laboratoire, devenu rentable en 2021, est l’une des biotechs les plus prometteuses.
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