Les Russes se rendaient, dimanche 19 septembre, aux urnes pour l’ultime jour des législatives, scrutin duquel le mouvement de l’opposant Alexeï Navalny a été écarté et ses consignes de vote supprimées sous la pression des autorités.
Ce scrutin devrait, sans surprise, être remporté par le parti au pouvoir, Russie unie – malgré son impopularité – après des mois de répression qui ont écarté les opposants au président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, de ces élections qui se sont tenues de vendredi à dimanche, et en partie en ligne.
Militant anticorruption et bête noire du Kremlin, Alexeï Navalny, 45 ans, a été emprisonné en janvier pour une affaire de fraude qu’il juge politique. Ses organisations ont, quant à elles, été interdites pour « extrémisme » et beaucoup de ses cadres ont fui le pays sous la pression judiciaire.
« Les gens n’ont quasiment pas le choix, il y a peu de partis. En fait, on ne peut choisir entre rien », a regretté auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Vladimir Zakharov, homme d’affaires de 43 ans venu voter samedi à Saint-Pétersbourg.
Quelque 108 millions de Russes sont appelés aux urnes jusqu’à 19 heures, heure de Paris, dimanche, les premières estimations étant attendues en fin de soirée. Le scrutin vise à renouveler les 450 mandats de députés de la Douma, la chambre basse du Parlement, actuellement dominée par Russie unie. Des élections locales et régionales ont également lieu.
Selon la liste des violations tenues par l’ONG spécialisée Golos, près de 3 500 irrégularités avaient été reportées dimanche matin après plus de deux jours de vote, dont du bourrage d’urnes et des pressions pour aller voter.
Pression des autorités sur les acteurs de l’Internet
Presque aucun candidat opposé à Poutine n’ayant été autorisé à se présenter aux législatives, les partisans de M. Navalny avaient mis sur pied une stratégie dite du « vote intelligent » destinée à soutenir le candidat – souvent communiste – le mieux placé pour gêner celui du pouvoir. Par le passé, cette tactique avait rencontré un certain succès, notamment lors d’élections à Moscou en 2019, et les autorités se sont attelées depuis des mois à bloquer tout accès à ces consignes de vote, mettant notamment sous pression les acteurs de l’Internet.
Google et Apple ont finalement plié vendredi, acceptant de supprimer de leurs boutiques respectives l’application mobile du « vote intelligent » d’Alexeï Navalny. Les partisans de ce dernier ont aussitôt accusé les deux firmes américaines de « céder au chantage du Kremlin ». La messagerie Telegram, très populaire en Russie, a aussi supprimé samedi les consignes de vote de sa plate-forme.
Google a également bloqué dimanche matin l’accès à d’autres contenus comportant ces consignes électorales : deux vidéos publiées sur YouTube et deux listes publiées sur Google Docs, son service de traitement de texte. L’équipe de M. Navalny a réagi en publiant une nouvelle vidéo similaire sur YouTube et des copies des listes sur Google Docs. Sur Twitter, elle donne également des instructions pour télécharger un réseau privé virtuel permettant d’éviter les blocages.
Leonid Volkov, proche collaborateur de M. Navalny, a reconnu samedi que le Kremlin avait obtenu une « victoire énorme » sur les entreprises majeures de l’Internet, appelant malgré tout les partisans de l’opposition à se mobiliser dans cette « bataille entre David et Goliath ».
La commission électorale russe a, elle, assuré samedi avoir subi des cyberattaques organisées depuis l’étranger et dit s’attendre à de nouvelles tentatives dimanche.
L’essentiel de l’opposition ayant été bannie du scrutin, Russie unie devrait s’imposer, malgré sa cote de popularité (moins de 30 %), selon le centre de sondage étatique VTsIOM. Les autres partis représentés à la Douma (communistes, nationalistes et centristes) sont, dans l’ensemble, dans la ligne du président Poutine, ce dernier restant populaire.
L’article Ultime jour des législatives en Russie, les consignes de vote de l’opposition supprimées est apparu en premier sur zimo news.