L’hymne américain fut un moment de démonstration parfaite. Lorsque, à la tribune du parc Union Square, situé à plusieurs centaines de mètres en contrebas du Capitole, une dame entonna le premier couplet, les voix des manifestants furent éparses, étouffées. La dame chanta sans vrai soutien, et cela ne la dérangea guère. On pouvait clairement distinguer les observateurs et les participants, venus en ce samedi 18 septembre à Washington pour exprimer leur solidarité avec ceux arrêtés le 6 janvier, au moment de l’assaut dramatique visant à empêcher la validation du résultat de l’élection présidentielle. La démocratie américaine avait tremblé, se découvrant plus vulnérable qu’elle ne l’imaginait.
Cette fois, ils étaient tout juste une centaine et non des milliers, plutôt âgés, moins nombreux que les policiers déployés à pied, à vélo ou près de leurs véhicules, fermant les rues adjacentes, surveillant chaque éclat de voix. Moins nombreux aussi que les journalistes, attirés par les accoutrements les plus pittoresques : une tenue de Batman par ici, une queue de castor sur la tête d’un autre. Certains photographes s’étaient préparés à toute éventualité, portant gilet pare-balles et casque.
Peu de folklore, au final. Une foule négligeable. Alors, faut-il même relever la tenue de cette manifestation ? Oui, si l’on considère que l’essentiel du public solidaire est resté chez lui mais n’en pense pas moins. Oui, si l’on se souvient que ce meeting contribue à un récit victimaire qui rebondit d’écran en écran, chez les sympathisants républicains, les fidèles de Donald Trump et, plus largement, dans cette Amérique qui s’imagine dans une fiction parallèle : celle d’une entrée en résistance contre un pouvoir fédéral prétendument dictatorial et abusif.
« Prisonniers politiques » était l’expression la plus en cours, dans les conversations entre manifestants et à la tribune. « Justice for J6 » (« Justice pour le 6 janvier ») disait le slogan de ce rassemblement. A l’origine cantonné aux franges extrémistes, ce retournement dialectique s’est aujourd’hui banalisé au sein de la droite conservatrice et identitaire. Il s’agit moins de nier les violences survenues ce jour-là – condamnées par les orateurs samedi – que de placer l’accent sur la violation supposée des droits pour les Américains interpellés. « Les émeutiers Black Lives Matter même pas persécutés », affirmait une pancarte.
Mauvais traitements supposés
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