Après avoir annoncé dans un premier temps son intention de résister à l’injonction du pouvoir russe de bloquer une application de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, la messagerie Telegram a finalement supprimé celle-ci, samedi 18 septembre.
Lundi, l’agence fédérale de surveillance des télécommunications (Roskomnadzor) avait exigé le blocage de cette application, un site automatisé où les électeurs pouvaient obtenir des instructions pour voter contre les candidats du Kremlin aux législatives de ce week-end. Apple et Google s’étaient immédiatement conformés à ces instructions, M. Navalny les accusant de « céder au chantage du Kremlin ».
Les autorités russes s’attellent depuis des mois à bloquer l’accès à ces consignes de vote mises au point par le principal opposant du Kremlin. Dans la mesure où presque aucun candidat s’opposant à Vladimir Poutine n’a été autorisé à se présenter aux législatives, les partisans de M. Navalny ont mis sur pied une stratégie dite du « vote intelligent » destinée à soutenir le candidat – souvent communiste – le mieux placé pour mettre en difficulté celui du parti au pouvoir, Russie unie.
L’application permettait de savoir pour quel concurrent voter dans chaque circonscription des législatives, mais aussi dans des dizaines d’élections locales et régionales ayant lieu les mêmes jours. Par le passé, cette approche avait rencontré un certain succès, notamment à Moscou en 2019.
« Un dangereux précédent »
Mais avec sa disparition de la messagerie Telegram, particulièrement populaire en Russie, l’application n’est plus disponible nulle part pour ceux qui voudraient voter contre les candidats du Kremlin. Le fondateur de Telegram, le Russe Pavel Durov, a dit qu’il se contentait de suivre Apple et Google, « qui dictent les règles du jeu pour des développeurs comme [eux] ». Mais il a tout de même estimé que leur décision de « bloquer des applications cré[ait] un dangereux précédent qui [allait] affecter la liberté de parole en Russie et dans le monde ».
Après la disparition de leur application de Telegram, les partisans de Navalny ont publié sur Twitter des liens vers des Google Docs recommandant des candidats, leur seul outil restant, ont-ils déclaré.
Plusieurs milliers d’irrégularités reportées
Quelque 108 millions de personnes sont appelées aux urnes pour les élections législatives, ainsi que pour des scrutins locaux et régionaux, qui ont commencé vendredi et durent jusqu’à dimanche soir. Selon la liste des violations tenues par l’ONG de défense des droits des électeurs Golos, plus de 2 700 irrégularités ont été répertoriées au deuxième jour du vote, notamment des bourrages d’urnes et des pressions pour aller voter.
Les autorités électorales russes ont, de leur côté, dénoncé des cyberattaques organisées à partir « de pays étrangers ». Selon Alexandre Sokoltchouk, un responsable de la commission électorale, deux cyberattaques ont visé les ressources du site Internet de la commission et une troisième a tenté de le surcharger par déni de service.
« L’attaque était assez puissante », a-t-il déclaré, cité par les agences de presse russes, assurant que d’autres attaques étaient en « préparation » pour dimanche, principal jour du vote, qui se déroule également en partie en ligne. Il n’a cependant pas précisé quels pays étaient accusés pour ces attaques.
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