Les habitants de New Delhi respirent encore un air acceptable. La mousson a lavé l’atmosphère et emporté les poussières qui envahissent tout, les routes, la végétation, les appartements et contribuent aux concentrations de particules fines (PM2,5) dans la mégapole de plus de vingt millions d’habitants. Mais les semaines de répit sont comptées car dès novembre, comme chaque année, lorsque les températures vont baisser et lorsque les paysans des régions voisines vont brûler leurs résidus de récolte, la capitale indienne et le nord de l’Inde seront plongés sous un épais brouillard toxique, jusqu’au début février. L’hiver 2020 n’a pas échappé à la règle.
L’ampleur et les conséquences sanitaires de cette pollution atmosphérique viennent d’être confirmées par une étude de l’université de Chicago qui publie un index de la qualité de l’air et ses conséquences en termes d’espérance de vie (air quality life index) : l’Inde est le pays le plus pollué de la planète aux particules fines. Les experts de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago évaluent à 480 millions le nombre d’Indiens, 40 % de la population, exposés aux niveaux de pollution les plus extrêmes au monde.
Tout le nord du sous-continent est asphyxié, incluant des mégacités comme Delhi et Calcutta, où l’espérance de vie des habitants est réduite de neuf années. Le centre de recherche américain constate que le phénomène s’amplifie, avec l’extension géographique des zones touchées : ce ne sont plus seulement les plaines indo-gangétiques, mais également le Maharashtra, le Madhya Pradesh, où les habitants perdent déjà de 2,5 à 2,9 années supplémentaires d’espérance de vie, par rapport au début des années 2000.
Une étude du Lancet, parue en décembre 2020, avait montré que 1,6 million d’Indiens succombent prématurément chaque année à cause de la nocivité de l’air, dont 17 500 à New Delhi. Les particules fines qui pénètrent profondément dans les poumons provoquent maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers du poumon, mais également troubles neurologiques, altération de la reproduction ou du développement de l’enfant. En 2019, la concentration moyenne de particules en Inde était de 70,3 µg/m³, la plus élevée au monde, sept fois la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au-delà de l’Inde, le Bangladesh, le Népal, le Pakistan sont également touchés par une pollution particulaire massive. L’Asie du Sud comprend désormais quatre des cinq pays les plus pollués, soit un quart de la population mondiale. Les habitants perdent cinq années d’espérance de vie.
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