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Afghanistan : les talibans disent gagner du terrain dans le Panchir, Washington évoque les prémices d’une guerre civile

Des membres du Front national de résistance postés en observation sur une colline de la vallée du Panchir, en Afghanistan, sur cette photo non datée. AFGHAN NATIONAL RESISTANCE FORCE / VIA REUTERS

Un responsable taliban a affirmé sur Twitter, dimanche 5 septembre, que plusieurs parties de la région du Panchir, seule à résister au nouveau pouvoir en Afghanistan, étaient désormais sous contrôle des forces du régime. De son côté, Ali Maisam Nazary, le porte-parole du Front national de résistance (FNR), a assuré sur Facebook que la résistance « n’échouerait jamais ».

Cette vallée enclavée et difficile d’accès, située à 80 kilomètres au nord de Kaboul, est le dernier gros foyer de résistance armée aux nouveaux maîtres de l’Afghanistan. Les communications sont très difficiles avec la vallée du Panchir ; ni Le Monde ni l’Agence France-Presse (AFP) n’étaient en mesure de confirmer de source indépendante l’avancée réelle des talibans dans la zone.

Bastion antitaliban de longue date, le Panchir, que le légendaire commandant Ahmed Chah Massoud a contribué à rendre célèbre à la fin des années 1990, avant d’être assassiné par Al-Qaida en 2001, abrite aujourd’hui le FNR. Emmené par Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, le FNR comprend des membres de milices locales ainsi que d’anciens membres des forces de sécurité afghanes qui sont arrivés dans la vallée, lorsque le reste de l’Afghanistan est tombé.

Selon l’ONG italienne Emergency, présente dans la zone, les forces talibanes ont atteint vendredi soir Anabah, un village situé à environ 25 kilomètres à l’intérieur de la vallée, longue de 115 kilomètres. « De nombreuses personnes se sont enfuies des villages de la zone ces derniers jours », a ajouté l’ONG dans un communiqué, précisant avoir reçu « un petit nombre de blessés au centre chirurgical d’Anabah ».

La probabilité d’une reconstitution d’Al-Qaida

Des propos qui tranchent avec ceux, plus sombres, tenus par l’ancien vice-président Amrullah Saleh, qui, du Panchir, a fait état d’une « crise humanitaire à grande échelle », avec des milliers de déplacés à la suite de « l’assaut taliban ». Compte tenu de cette situation chaotique, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, a estimé que « les conditions d’une guerre civile » étaient « susceptibles d’être réunies » en Afghanistan.

« Je pense qu’il y a au moins une très forte probabilité d’une guerre civile » qui pourrait conduire « à une reconstitution d’Al-Qaida ou à un renforcement d’ISIS [l’organisation Etat islamique] ou d’autres groupes terroristes », a-t-il souligné dans une interview accordée à la chaîne américaine Fox News, diffusée samedi.

Sur le plan politique, le visage du nouvel exécutif taliban, initialement pressenti pour être dévoilé dès vendredi, se faisait toujours attendre dimanche. De retour au pouvoir vingt ans après en avoir été chassés par une coalition emmenée par les Etats-Unis, les talibans sont scrutés par la communauté internationale qui a prévenu qu’elle jugerait le mouvement islamiste sur ses actes.

Le mouvement fondé par le mollah Omar a promis, depuis la prise de Kaboul, le 15 août, la mise en place d’un gouvernement « inclusif » et s’est engagé à respecter les droits des femmes, bafoués lors de son premier passage au pouvoir, entre 1996 et 2001. Seulement ses promesses peinent à convaincre : samedi, pour la deuxième journée d’affilée, des dizaines de femmes ont manifesté dans la capitale afghane pour demander le respect de leurs droits et leur participation au futur gouvernement.

Mise en garde de l’ONU

Sur le plan humanitaire, la situation demeure critique dans le pays, mais le Qatar a annoncé avoir acheminé samedi en Afghanistan quinze tonnes d’aide humanitaire en provenance du monde entier et fait savoir que les vols allaient se poursuivre « dans les jours qui viennent ». L’Organisation des Nations unies, qui a mis en garde cette semaine contre une « catastrophe humanitaire imminente », tiendra pour sa part le 13 septembre une réunion entre Etats membres afin d’accroître l’aide humanitaire.

Près de trois semaines après la prise de pouvoir des talibans, ministres et diplomates étrangers se succèdent à un rythme effréné au Qatar, acteur incontournable de la crise en Afghanistan qui endosse un rôle de médiateur neutre et influent. Certains y déplacent leur ambassade afghane, tous louent ses efforts pour rouvrir l’aéroport de Kaboul. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est notamment attendu de lundi à mercredi, dans ce pays au cœur du dialogue avec le nouveau pouvoir afghan.

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Le Monde avec AFP

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