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Infektion 2.0, l’opération chinoise d’inspiration russe destinée à faire oublier l’origine du Covid-19

Conférence de presse en parallèle de l’étude conjointe entre l’Organisation mondiale de la santé et la Chine dans un hôtel de Wuhan, province du Hubei (Chine), le 9 février 2021. ALY SONG / REUTERS

Le Covid-19, formidable accélérateur de propagande. Pour Pékin, la lutte sanitaire mondiale engagée depuis 2020 est l’occasion de parfaire des outils de désinformation directement inspirés des méthodes russes, démontre l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Irsem) dans son étude des « Opérations d’influence de la Chine » à paraître.

Une de ces opérations majeures cherche ainsi à faire oublier l’origine chinoise du coronavirus en situant celle-ci aux Etats-Unis, dans la base militaire de Fort Detrick. Son schéma initial a reproduit celui d’« Infektion », la campagne menée par le KGB en 1983 pour accuser l’Amérique d’avoir propagé le sida. Rebaptisée « Infektion 2.0 » par Paul Charon, le spécialiste de l’Irsem, elle a déjà été évoquée par Le Monde mais s’éclaire de détails cruciaux.

Sa première phase active aura duré un mois, entre le 22 février (un article du Global Times) et le 23 mars 2020 (un tweet du porte-parole des affaires étrangères). Des résurgences ne sont pas à exclure. L’Infektion soviétique vit toujours – sa thèse a été reprise en 2005 par le rappeur Kanye West dans une chanson. Face au coronavirus, « la guerre informationnelle du PCC comporte trois volets déployés de conserve », explique l’Irsem : « contrôler l’hémorragie des récits sur le plan interne » ; « démonétiser les critiques présentes dans les médias occidentaux, pour participer à l’image d’une Chine bienveillante » ; « discréditer l’adversaire ».

Relayée par les officiels du gouvernement chinois et par ses diplomates, Infektion 2.0 rebondit sur des déclarations de figures sérieuses, qui, en employant le conditionnel sur l’origine du Covid, fournissent malgré eux les éléments de véracité nécessaires à l’opération : l’épidémiologiste chinois Zhong Nanshan, découvreur du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, ou Robert Redfield, le directeur du centre des maladies infectieuses des Etats-Unis. De plus, sont mobilisées des « signatures » officielles, tel Zhong Sheng dans le Quotidien du peuple – Zhong est depuis 2008 le nom de plume qui explique la position de la Chine sur les questions internationales.

Vrai-faux avatar

L’opération utilise aussi, de façon sophistiquée, un vrai-faux profil de spécialiste, un certain Larry Romanoff, canadien. Pour lire ses articles, le porte-parole Zhao Lijian, à deux reprises, a orienté les internautes, par le biais de déclarations publiques, vers le site complotiste canadien globalresearch.ca (CRG), dont le fondateur est un intervenant régulier de la chaîne pro-Poutine, RT. Le site CRG drainera 1,59 million de visiteurs anglophones en février 2020 et sa version francophone, 113 000, rappelle l’Irsem.

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