Une figure emblématique de l’opposition anticommuniste, traitant les gardes-frontières polonais de « meute de chiens », et provoquant un tollé quasi généralisé, un député du plus grand parti d’opposition tentant de forcer un cordon policier pour porter vivres et matériel médical à la frontière polono-biélorusse… Les responsables politiques polonais semblent avoir perdu tout sang-froid alors que la question migratoire, stimulée par la crise dans les pays baltes, regagne une place centrale dans le débat public.
Les gardes-frontières ont rapporté plus de 3 000 tentatives d’entrées irrégulières sur le territoire national depuis le début du mois d’août – dix fois plus que le nombre total enregistré les années précédentes. Mais c’est le sort alarmant, bien que peu représentatif, d’une trentaine de ressortissants afghans bloqués depuis plus de deux semaines entre les forces de l’ordre polonaises et biélorusses, qui cristallise les passions et focalise l’attention de l’opinion publique.
Des officiels gouvernementaux, des représentants de la société civile et des députés de gauche crient à la « honte ». Un parlementaire d’extrême droite offre des fleurs aux gardes-frontières, des prêtres font des dons… Tous les profils de la scène politique se succèdent depuis plusieurs jours aux alentours de la commune d’Usnarz Gorny et du campement de fortune des migrants, à une trentaine de kilomètres, de l’autre côté de la frontière, de la ville biélorusse de Grodno. Sur les réseaux sociaux, la vidéo du député de la Plate-forme civique (PO) Franciszek Sterczewski, slalomant à travers les gardes-frontières pour apporter des produits de première nécessité aux réfugiés, est devenue virale.
Depuis le poste-frontière de Kuznica, le chef du gouvernement, Mateusz Morawiecki, symboliquement vêtu d’une veste kaki, a tenu à « remercier la Commission européenne pour ses actions qui limitent l’immigration illégale ». Le gouvernement polonais assume une attitude de fermeté, rejoignant en cela Vilnius et Riga, également touchés par ce phénomène, et attribuant la brusque pression migratoire au régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko, accusé de provoquer sciemment cette situation et de mener une « guerre hybride » contre ses voisins.
De la forêt à la forteresse
Malgré l’insistance du Médiateur et Défenseur des droits civiques, Marcin Wiacek, et des organisations de la société civile présentes sur le terrain, les autorités ont constamment ignoré les demandes de protection internationale des migrants campant à sa frontière. Elles ont opposé une fin de non-recevoir aux appels à assurer leurs besoins élémentaires, lancés par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, le Conseil de l’Europe et l’épiscopat polonais, au motif que toute action dans ce sens apparaîtrait comme un aveu de faiblesse face à Minsk.
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