Un peu plus de deux semaines après la fin des Jeux olympiques, les Jeux paralympiques s’ouvrent mardi à Tokyo. France 24 vous propose un coup de projecteur sur les têtes d’affiche internationales de la compétition.
La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques a lieu mardi 24 août mais les tribunes du Stade national resteront vides en raison de la pandémie de Covid-19. Les 4 400 sportifs en lice lors de cette compétition seront donc privés de public, mais leur objectif est ailleurs : décrocher l’un des 539 titres (contre 339 durant les JO) décernés jusqu’au 5 septembre.
Au cours de ces deux semaines, certains athlètes vont être particulièrement scrutés. France 24 vous propose de découvrir les stars internationales de ces Jeux.
Markus Rehm : le « Blade Jumper » allemand
Markus Rehm célèbre sa victoire et son record paralympique, le 16 septembre 2016 à Rio. Christophe Simon, AFP
Connu sous le nom de « Blade Jumper » en référence à sa lame de prothèse, le sauteur en longueur allemand est détenteur du record du monde de sa catégorie (T64) avec un bond à 8,62 mètres lors des championnats d’Europe en juin. Le triple champion paralympique de 33 ans, amputé du tibia droit après un accident de bateau, compte l’améliorer sur la « piste rapide » du Stade national de Tokyo : « C’est mon but, je vais être honnête », a-t-il confié quelques jours avant le début des Jeux. Il réaliserait dans ce cas un meilleur saut que le champion olympique grec Miltiadis Tedoglou (8,41 mètres).
Il s’agirait sans aucun doute d’une petite revanche pour Markus Rehm qui avait mené sans succès une bataille juridique jusqu’au Tribunal arbitral du sport (TAS) pour concourir aux Jeux olympiques. World Athletics – la fédération internationale d’athlétisme – avait finalement estimé que sa prothèse lui procurait un avantage.
Beatrice Vio : l’icône italienne
Beatrice Vio pose avec sa médaille d’or aux Mondiaux de Rome en novembre 2017. Tiziana Fabi, AFP
Avec plus d’un million de followers sur Instagram, l’escrimeuse en fauteuil est une star dans son Italie natale, où elle est régulièrement invitée à la Fashion Week de Milan. La jeune femme de 24 ans, surnommée « Bebe », a commencé l’escrime dès l’âge de cinq ans, mais à 11 ans elle est frappée par une méningite. La maladie nécrose ses quatre membres et Beatrice Vio ne doit sa survie qu’à l’amputation de ses jambes et de ses avant-bras. Elle cause aussi des dégâts sur son visage, encore marqué par les cicatrices. Suivent plusieurs mois d’hospitalisation au cours desquels elle réapprend à vivre à force de séances de rééducation motrice et de kinésithérapie.
La jeune fille se tourne alors vers l’escrime en fauteuil roulant, devenant ainsi la première escrimeuse de compétition sans bras ni jambes. Beatrice Vio utilise un fleuret identique à celui des valides. Et si ses prothèses de jambes lui permettent de marcher presque normalement, c’est en fauteuil roulant qu’elle pratique sa discipline. Il y a cinq ans, elle a remporté deux médailles – une d’or et une de bronze – aux Jeux paralympiques de Rio.
Matt Stutzman : l’archer sans bras
Matt Stutzman lors des Jeux paralympiques de Rio, le 14 septembre 2016. Christophe Simon, AFP
L’Américain Matt Stutzman est né sans bras. Élevé dans une famille de chasseurs, cet athlète originaire du Kansas a rêvé d’imiter son père et son frère dès son plus jeune âge. Malgré son handicap, il a appris à tirer en s’aidant de ses pieds et réalise de nombreuses activités dans la vie de tous les jours. Il tire en position assise, utilise son pied gauche pour placer la flèche, monte l’arc du pied droit, et décoche la flèche à l’aide d’un petit appareil fixé sur le haut de son corps. Il actionne ce dernier avec la mâchoire, faisant partir la flèche.
« J’ai vite compris que je ne devais pas me soucier de ce que les autres pensaient de moi. Les gens vont toujours me remarquer. Les gens me dévisagent encore aujourd’hui », explique-t-il. Il a déjà participé deux fois aux Jeux paralympiques, en 2012 à Londres, où il a remporté une médaille d’argent, et en 2016 à Rio. Il détient aussi le record mondial du plus long tir de précision au tir à l’arc, soit 210 mètres.
Amalia Perez : la reine de l’haltérophilie
Amalia Perez lors d’une conférence de presse avant l’ouverture des Jeux paralympiques de Tokyo, le 22 août 2021. Charly Triballeau, AFP
À 44 ans, la Mexicaine Amalia Perez a un palmarès déjà bien rempli. À Rio, cette spécialiste de l’haltérophilie qui souffre de paraplégie va participer à ses sixièmes Jeux paralympiques. Elle a remporté sa première médaille d’or à Pékin en 2008. Elle a également été sacrée à Londres et à Rio, et collectionne les records du monde. « Le sport apporte tellement de choses. Avec le sport, on vit, on rêve et on améliore notre santé. Dans la vie, on peut toujours dépasser nos propres limites », a-t-elle dit en conférence de presse avant les Jeux de Tokyo, où elle va tenter de décrocher un quatrième titre consécutif.
Shingo Kunieda : gagner à domicile
Shingo Kunieda célèbre sa victoire lors de l’US Open, le 13 septembre 2020. Matthew Stockman, Getty Images via AFP
Numéro un mondial, il est l’un des joueurs de tennis fauteuil les plus titrés et un nom qui résonne dans son Japon natal. Atteint d’une tumeur de la moelle épinière à l’âge de neuf ans, il a remporté trois médailles d’or et deux médailles de bronze aux Jeux paralympiques, ainsi que 45 tournois du Grand Chelem (en simple et en double). Diminué par une blessure à un coude et éliminé en quart de finale à Rio, Shingo Kunieda est plus déterminé que jamais à reconquérir à 37 ans le titre paralympique sur son sol : « Gagner une médaille d’or à Tokyo est mon plus grand objectif. »
Tatyana McFadden : Jeux d’été et Jeux d’hiver
Tatyana McFadden a remporté l’or sur le 5 000 m à Rio, le 15 septembre 2016. Bob Martin / OIS / IOC / AFP
À 32 ans, Tatyana McFadden est l’une des stars du monde handisport. Née en Russie, souffrant de spina bifida, une malformation congénitale qui paralyse les jambes, elle a été abandonnée à la naissance par sa mère. Après avoir vécu six ans dans un orphelinat, la future championne a finalement été adoptée par Deborah McFadden, une représentante du ministère de la santé et des services sociaux américains, et élevée à Baltimore. Cette Américaine, spécialiste d’athlétisme, a déjà 17 médailles paralympiques à son palmarès (sept en or, sept en argent, trois en bronze) récoltées à Athènes, Pékin, Londres, Sotchi et Rio. Elle est aussi connue comme la première personne à avoir gagné les quatre grands marathons (Boston, Londres, Chicago et New York) en une seule année. Après avoir brillé dans les courses en fauteuil, elle s’était lancée un nouveau défi en participant aux Jeux d’hiver en 2014 en biathlon.
Jonnie Peacock : le chouchou britannique
Jonnie Peacock célèbre sa victoire sur 100 m lors des Jeux paralympiques de RIo, le 9 septembre 2016. Yasuyoshi Chiba, AFP
C’est à l’âge de cinq ans que Jonnie Peacock est amputé de la jambe droite sous le genou à la suite d’une méningococcie. Adolescent, il se renseigne sur le handisport et se tourne vers l’athlétisme. Son talent explose lors des Jeux paralympiques de Londres où il remporte la finale du 100 m avec un nouveau record paralympique. Quatre ans plus tard, à Rio, il défend son titre et décroche de nouveau l’or. Très populaire au Royaume-Uni, il a notamment participé à l’équivalent britannique de « Danse avec les stars ».
Husnah Kukundawke : la plus jeune athlète
Husnah Kukundawke lors d’une conférence de presse avant le début des Jeux paralympiques de Tokyo, le 22 août 2021. Charly Triballeau, AFP
Âgée de 14 ans, l’Ougandaise Husnah Kukundakwe est encore écolière et participe à ses premiers Jeux paralympiques. La jeune nageuse s’est qualifiée aux 50 m et 100 m nage libre femmes. Née sans avant-bras droit, Husnah Kukundakwe souhaite motiver de jeunes Ougandais à se lancer en para-natation : « Oui, je ressens une certaine pression en tant que seule para-nageuse de mon pays, mais le simple fait d’avoir la chance d’être ici est un rêve devenu réalité. Je suis si heureuse en ce moment ! », a-t-elle dit en conférence de presse. « Je peux aussi montrer aux autres jeunes désirant exercer des sports paralympiques qu’ils doivent aller de l’avant et croire en eux-mêmes. Beaucoup de gens me disaient constamment que c’était impossible, mais on peut y arriver, vous pouvez tous y arriver ! »
Shoko Ota : du ski au taekwondo
Shoko Ota lors des Jeux paralympiques de Sotchi, le 12 mars 2014. Kirill Kudryavtsev, AFP
Cette japonaise de 32 ans est née sans doigts à la main gauche. Elle a commencé le ski lorsqu’elle était enfant et a participé aux Jeux paralympiques de Turin, Vancouver et Sotchi au cours desquels elle a remporté deux médailles, une d’argent et une de bronze. Après cette brillante carrière dans les sports d’hiver, Shoko Ota s’est qualifiée pour Tokyo en para-taekwondo, l’une des deux nouvelles disciplines à avoir intégré le programme paralympique. Elle a rejoint un groupe de sportifs handisport qui ont tous pris part aux Jeux d’hiver et d’été. « Je connais beaucoup de sportives qui ont fait ce chemin avant moi et elles sont très cool. C’est vraiment incroyable de pouvoir faire partie de leur groupe », a-t-elle dit avant le début de la compétition.
Ntando Mahlangu : l’étoile montante sud-africaine
Le Sud-Africain Ntando Mahlangu lors des Mondiaux de Dubaï, le 10 novembre 2019. Karim Sahib, AFP
Pour ses premiers Jeux paralympiques à Rio à seulement 14 ans, Ntando Mahlangu avait terminé deuxième sur le 200 m derrière le champion en titre, Richard Whitehead, établissant un nouveau record d’Afrique. Ce sprinteur souffre d’hémimélie fibulaire, une anomalie congénitale qui se caractérise par un péroné court ou manquant, ce qui entrave le développement des jambes. Cette malformation lui a fait passer les dix premières années de sa vie en fauteuil roulant. Les médecins lui ont ensuite proposé de l’amputer et d’utiliser des prothèses. Ce qu’il a finalement accepté. Il s’est depuis fait un nom et enchaîne les performances. Aux derniers Mondiaux organisés en 2019 à Dubaï, il a remporté l’or sur le 200 m et a terminé quatrième en saut en longueur.
Avec AFP
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