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L’antiféminisme continue de recruter des militants en Corée du Sud

L’archère sud-coréenne An San, triple médaillée d’or aux Jeux olympiques de Tokyo 2020. ADEK BERRY / AFP

L’athlète sud-coréenne de tir à l’arc An San, triple médaillée d’or aux JO de Tokyo, n’a pas été fêtée par tout le monde dans son pays : sa coupe à la garçonne déplaît aux antiféministes. Le 24 juillet, certains militants de ce mouvement d’hommes qui reprochent aux féministes de les avoir marginalisés avaient critiqué la championne sur un forum en ligne sur son apparence et lui avaient même demandé de rendre ses médailles.

Ces attaques ont suscité de vives réactions sur Twitter avec le hashtag #women_shortcut_campaign. En Corée du Sud, mais aussi à l’étranger, des femmes ont partagé des photos d’elles-mêmes avec des cheveux courts afin de démystifier la marque d’infamie qui les entoure encore dans la société coréenne. Ce hashtag a été initialement créé par l’activiste coréenne Han Ji-young (@hjyvoice), qui a tweeté le 25 juillet : « C’est la meilleure saison pour une coupe courte. » La jeune femme s’est spécialisée sur la santé mentale des femmes et l’autodéfense en Corée du Sud. Sur sa chaîne YouTube, elle invite à une discussion ouverte sur les questions féministes.

« Tout peut faire de vous la cible de cette chasse aux sorcières menée par les hommes antiféministes, explique au Monde Hawon Jung, ancienne correspondante à Séoul de l’Agence France-Presse et autrice d’un livre à paraître sur le mouvement #MeToo en Corée du Sud, Flowers of Fire. Je connais beaucoup de femmes qui se sentent anxieuses et qui ont peur de sortir de la ligne rouge tracée par les militants des droits de l’homme”. Ce retour de bâton contre le féminisme peut avoir des conséquences réelles pour les femmes et leur briser la vie. »

Marotte des partis de droite

Se-Woong Koo, rédactrice en chef de Korea Exposé, un média indépendant spécialisé sur la société sud-coréenne, dénonçait déjà la misogynie en Corée du Sud dans une tribune du New York Times de 2016. « De nombreux hommes préfèrent ne pas reconnaître que la Corée du Sud est un patriarcat bien ancré et que les relations de genre toxiques y ont de lourdes conséquences sur la société », regrette-t-elle.

L’« antiféminisme » est une des marottes des partis de droite qui surfent sur cette vague sexiste. Le principal parti de droite conservatrice, le Parti du pouvoir populaire (PPP), a remporté les mairies des deux plus grandes villes du pays (Séoul et Busan) lors des élections municipales partielles du 7 avril. Lee Jun-seok, chef du PPP, exprime par exemple ouvertement son désaccord sur la mise en place de quotas pour favoriser l’accès des femmes à des postes de haut rang. Il a plusieurs fois critiqué « l’obsession » de l’ancienne administration pour les politiques favorables aux femmes qui, selon lui, aliènent les jeunes hommes. De même, Ha Tae-keung, l’un des candidats à la primaire du PPP pour la présidentielle de mars 2022, veut réduire « l’énorme coût social causé par les divergences autour des questions de genre ». Il réclame la suppression du ministère de l’égalité des sexes. Influencés par ces propositions, un grand nombre de jeunes électeurs masculins se seraient tournés vers ce parti.

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