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En Malaisie, le retour aux affaires du parti UMNO

Lors de l’intronisation de Ismail Sabri Yaakob comme premier ministre, par le roi Abdullah, le 21 août à Kuala Lumpur. KHIRUL NIZAM ZANIL / AFP

La nomination, vendredi 20 août, d’un nouveau premier ministre à la tête de la Malaisie, Ismail Sabri Yaakob, lève une incertitude après la démission, le 16 août, de son prédécesseur Muhyiddin Yassin, sans toutefois mettre fin à la crise politique qui touche ce pays d’Asie du Sud-Est depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Comme son prédécesseur, le nouveau chef du gouvernement, âgé de 61 ans, ne tire pas sa légitimité des urnes : il a été nommé par le roi Abdullah – l’un des neuf sultans issus des Etats de la Fédération de Malaisie qui se succèdent tous les cinq ans –, sur la foi des soutiens exprimés en sa faveur par 114 députés sur les 222 formant le Parlement. Cette marge de manœuvre limitée le laisse à la merci d’autres retournements d’alliance.

Le sultan, qui a auditionné un à un, jeudi 19 août, les 114 partisans du candidat au poste suprême, a exigé que le Parlement se réunisse dans les prochains jours pour confirmer par un vote le choix du premier ministre après l’investiture de celui-ci, samedi 21 août. Il a aussi promis des élections générales avant l’échéance initiale de 2023. « La Malaisie est en terrain inconnu, c’est la deuxième fois que le roi choisit un premier ministre sans élections », souligne un observateur local de la politique malaisienne.

La nomination d’Ismail Sabri Yaakob, qui fut premier ministre adjoint sous Muhhyddin et ministre de la défense, marque le retour au pouvoir sans partage de l’Organisation nationale de l’unité des Malais (UMNO), la formation politique qui a tenu le pays pendant soixante et un ans, de l’indépendance, en 1957, aux élections de mai 2018. Cette formation est celle qui représente principalement l’ethnie malaise, très majoritaire dans le pays – seulement 22,5 % de la population est d’origine chinoise et 6,8 % d’origine indienne.

« La démocratie est morte »

Le retour de l’UMNO est une déconvenue de taille pour les partis qui avaient porté au pouvoir, en 2018 la « coalition de l’espoir ». Celle-ci avait alors choisi pour premier ministre Mahathir Mohamad, figure centrale de la politique malaisienne, passé de l’UMNO à l’opposition, et sorti de sa retraite à 92 ans. Mais l’ancien autocrate, de fraîche date converti à la démocratie, allait être lâché par Muhyiddin Yassin, soucieux de prendre sa succession.

« On s’est débarrassé de l’UMNO grâce aux élections, et voici qu’ils sont de retour. La démocratie est morte », tweetait mardi un jeune Malaisien sous le hashtag #Lawan (« combat »), le cri de ralliement d’une jeunesse qui est descendue dans la rue régulièrement ces dernières semaines pour dire sa colère face à une gestion jugée erratique du Covid-19. Malgré des restrictions sans discontinuer depuis mars 2020, les contaminations dépassaient encore les 23 500 cas vendredi 20 août. Une pétition de Change.org, intitulée « Nous ne voulons pas d’Ismail Sabri Yaakob comme premier ministre de Malaisie », avait dépassé samedi matin les 358 000 signatures.

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