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Le décès d’une Sri-Lankaise dévoile les dysfonctionnements des services japonais d’immigration

Poornima, soeur de la Sri-Lankaise Wishma Sandamali, décédée alors qu’elle était détenue par les services de l’immigration japonaise, le 12 août à Tokyo. STR / AFP

La mort, faute de soins, dans un centre de détention de l’immigration japonaise, de la Sri-Lankaise Ratnayake Liyanage Wishma Sandamali, n’en finit pas de susciter l’amertume de sa famille, et de dévoiler les dysfonctionnements d’une administration qui avait échappé jusque-là aux critiques.

Mardi 17 août, les sœurs de la victime et leur avocat japonais ont présenté 15 113 pages de documents transmis par l’agence des services d’immigration, et en relation avec l’affaire. L’essentiel de ces rapports médicaux et d’une main courante des gardiens, était totalement noirci, pour des « raisons de sécurité » et « pour la protection des données personnelles », explique l’agence.

« L’immigration veut cacher que ma sœur a été tuée », a déploré Poornima, l’aînée des trois sœurs. « Ils dissimulent les faits, fuient leurs responsabilités, font tout pour gagner du temps et attendent que nous partions pour que l’affaire soit oubliée », a ajouté Wayomi, sa cadette.

Hospitalisation refusée

Wishma Sandamali, 33 ans, est décédée le 6 mars, après plus de deux mois à souffrir de graves problèmes gastriques, dans sa cellule du centre de détention de Nagoya (centre).

Diplômée d’université et professeure d’anglais dans son pays d’origine, elle était arrivée en juin 2017 au Japon. Début 2018, elle a perdu son titre de séjour après son exclusion d’une école de japonais – une scolarisation dont dépendait son visa – car elle ne suivait pas les cours. En août 2020, elle a demandé la protection de la police contre son partenaire, également sri-lankais, l’accusant de violences. Ayant découvert qu’elle était en situation irrégulière, la police l’a remise aux services de l’immigration.

Son état de santé s’est dégradé début 2021. Ses gardiens ont refusé son hospitalisation, malgré ses appels à l’aide et la recommandation d’un gastro-entérologue. Ils soupçonnaient un simulacre pour obtenir une libération conditionnelle.

Depuis le décès, ses trois sœurs se battent pour établir la vérité. Le 13 août, après plusieurs mois d’attente de la fin d’une enquête interne des services de l’immigration, la ministre de la justice, Yoko Kamikawa, a présenté ses excuses et promis une réforme. « Le bureau de Nagoya n’avait pas conscience, à ce moment-là, de sa responsabilité d’assurer la sécurité des personnes », a admis Shoko Sasaki, chef de l’agence des services d’immigration. Le directeur du centre et son adjoint, ainsi que deux gardiens, ont été réprimandés.

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