Tout comme ses partenaires eurasiens, l’Iran et la Russie, la Turquie ne voit pas d’un mauvais œil l’arrivée au pouvoir des talibans. « Nous accueillons de manière positive les messages envoyés jusqu’à présent par les talibans, que ce soit aux étrangers et aux représentations diplomatiques, mais aussi à leur propre peuple », a assuré le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, depuis la Jordanie où il était en visite, mardi 17 août. Sa déclaration faisait écho à celle de son homologue russe, Sergueï Lavrov, qui a qualifié de « signal positif » les promesses de dialogue avancées par les nouveaux maîtres de l’Afghanistan.
La Turquie, qui dispose de 500 soldats affectés à la sécurisation de l’aéroport de Kaboul dans le cadre de sa mission au sein l’OTAN, veut les maintenir sur place après le retrait des forces occidentales. Les détails de ce projet étaient discutés depuis des semaines avec Washington et avec le gouvernement du président Ashraf Ghani quand les talibans ont envahi la capitale afghane dimanche, ce qui a mis fin aux pourparlers, faute d’interlocuteurs. Les Etats-Unis se retirent et le gouvernement afghan n’existe plus.
Promptes à s’adapter à la nouvelle donne, les autorités turques proposent désormais leurs services au nouveau pouvoir en place à Kaboul. Le président Recep Tayyip Erdogan fait du maintien de la présence turque à l’aéroport sa priorité. Conscient de ce que les talibans sont avides de légitimité internationale, il s’est dit prêt, il y a une semaine, à recevoir « la personne » qui les dirige.
« Tout le monde a intérêt à ce que l’aéroport de Kaboul soit sécurisé afin que les diplomates et les humanitaires puissent continuer à travailler. La Turquie propose de s’en charger. De fait, il lui est facile de négocier avec les talibans via le Pakistan et le Qatar, avec lesquels les relations sont solides », estime Bayram Balci, directeur de l’Institut français des études anatoliennes (IFEA) à Istanbul.
Trésors de diplomatie
Ankara déploie des trésors de diplomatie pour amadouer les talibans. L’ambassade de Turquie au Qatar est en contact permanent avec la représentation du mouvement sur place et la semaine dernière, le ministre de la défense Hulusi Akar s’est rendu à Islamabad pour inciter l’allié pakistanais à convaincre les talibans à accepter la présence turque.
Mais ni l’invitation de M. Erdogan, ni ses propositions d’une coopération technique et sécuritaire ne semblent jusqu’ici avoir eu le pouvoir d’infléchir les insurgés islamistes qui insistent pour que « toutes les forces étrangères » quittent l’Afghanistan, conformément aux accords signés avec l’administration américaine à Doha en février 2020.
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