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Après la chute de Kaboul aux mains des talibans, la crainte d’une onde de choc régionale

Le photographe de l’Agence France-Presse Noorullah Shirzada porte son bébé à l’intérieur de la zone verte de Kaboul pour être évacué, le 16 août 2021. ANDREW QUILTY / AGENCE VU POUR  » LE MONDE »

On n’a entendu, pour l’heure, que le bruit des armes talibanes qui ont fait tomber, dimanche 15 août, le régime de Kaboul. Mais on devine déjà que le retour de ces fondamentalistes musulmans à la tête d’un pays qu’ils ont dirigé de 1996 à 2001 pèsera plus lourdement sur le monde que leur premier passage. Présentée par certains diplomates comme proche de l’onde de choc provoquée par l’arrivée, en 1979, des mollahs iraniens, la chute de Kaboul ouvre, en tout cas, une nouvelle page d’incertitude. Plus présentable sur la scène internationale et adossé aux puissances régionales, dont la Chine, le régime taliban pourrait demeurer un refuge du terrorisme international et inspirer nombre de mouvements islamistes radicaux désireux de renverser des régimes au pouvoir.

Les talibans de 2021 ne sont plus les étudiants en religion venus des campagnes et ne connaissant rien du monde. Ils ont vaincu la première puissance mondiale, les Etats-Unis, alliée à l’OTAN. Ils sont devenus une force politique légitime reçue dans les capitales du monde entier. Ils ont développé une stratégie militaire complexe sur le long terme, « sans doute inspirée par leurs mentors pakistanais », soufflait au Monde, en mai, un haut gradé de l’OTAN à Kaboul. Et ils ont su exprimer, souvent en anglais, une pensée qui faisait dire en 2018 à certains militaires britanniques déployés en Afghanistan « qu’ils comptaient sans doute dans leurs rangs des afghano-pakistanais diplômés d’Oxford ou de Cambridge ».

Entre 1996 et 2001, seuls trois pays, le Pakistan, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, avaient reconnu le gouvernement taliban. Cette fois-ci, de grandes capitales régionales s’apprêtent à légitimer les nouveaux maîtres de Kaboul et leur donner une surface diplomatique et politique internationale. Ainsi, Pékin, Moscou, Téhéran et Doha ont déjà évoqué l’après-victoire des talibans lors de rencontres officielles, entre 2018 et 2021, lorsque ces puissances, sous couvert de missions bons offices pour mettre fin à la guerre afghane, négociaient les conditions de leur partenariat avec les futurs chefs de l’Afghanistan.

Souci de formalisme et prudence

Deux jours après l’entrée des talibans dans la capitale, ces capitales semblaient attendre d’en savoir un peu plus sur les contours de l’administration intérimaire en cours de discussion, à Doha, au Qatar, entre les délégations talibane et américaine. Un souci de formalisme mais aussi une prudence quant aux soubresauts internes au mouvement taliban. Les pays occidentaux ont indiqué, fin juillet et début août, qu’il n’y aurait pas de reconnaissance si les talibans prenaient Kaboul par la force. Une condition qui pourrait disparaître si l’on considère que la ville s’est rendue sans combat…

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