A cinquante ans passés, Marcélus Dorcinvil a eu la peur de sa vie, samedi 14 août. « Il était 8 heures 21 ou 22. J’ai senti qu’il se passait quelque chose de pas ordinaire. La maison a commencé à être très sérieusement secouée. Tout tremblait très fort. Nous nous sommes précipités à l’extérieur », se remémore cet habitant d’Aquin, coquette cité portuaire de 90 000 habitants, située dans le département haïtien du Sud.
L’épicentre du séisme de magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter qui a frappé le pays caribéen était situé à proximité de Saint-Louis-du-Sud, à environ 30 kilomètres d’Aquin, et à quelque 150 kilomètres de Port-au-Prince, la capitale. « La maison est très endommagée. Tout est démoli », dit avec fatalisme cet animateur de Quina FM, une station de radio locale. « Mais nous sommes sains et saufs, tous les quatre », ajoute le père de famille.
Trois départements du sud-ouest d’Haïti – ceux du Sud, de Grand’Anse et de Nippes – ont payé le plus lourd tribut à cette catastrophe. Le bilan, toujours provisoire, faisant état d’au moins 1 297 morts et 5 700 blessés, pour environ 30 000 maisons endommagées ou détruites. Tous trois forment l’extrémité occidentale de la péninsule de Tiburon, étroite bande de terre tout en longueur qui s’étire sur 200 kilomètres, à l’ouest de Port-au-Prince. « Ça va vraiment mal à Aquin. Il y a beaucoup de blessés », se désole M. Dorcinvil. « On a déjà enregistré quatorze morts, mais il y a beaucoup de disparus. Il y a des écoles complètement détruites, des maisons, des églises endommagées. Les agriculteurs ont perdu beaucoup de bétail, car les étables se sont écroulées », ajoute-t-il, d’une voix lasse.
La situation est tout aussi critique dans de nombreuses localités de la région de Tiburon. A une cinquantaine de kilomètres à l’ouest, la ville des Cayes, chef-lieu du département du Sud, est l’une des plus touchées. « Nos équipes ont pu [y] recenser 550 maisons endommagées et 37 autres complètement effondrées », a témoigné, dimanche soir, Sylvie Rameau, maire de cette ville de 100 000 habitants, au journal télévisé de Martinique la 1ère. « On a visité les morgues et on a pu dénombrer 221 cadavres. C’est un bilan très partiel, car on est encore en train d’enlever les gravats et de trouver des cadavres sous les décombres », a-t-elle poursuivi.
« On ne sait pas si notre maison va résister »
Dans cette ville, la troisième du pays, les sinistrés se comptent par milliers. James Nonçant est de ceux-là. Pourtant, par rapport à certains de ses amis et voisins, sa famille a eu de la chance. « Notre maison a plutôt bien résisté. Elle a seulement quelques fissures », constate cet avocat stagiaire de 32 ans, qui vit avec sa mère, ses deux frères et son cousin. Ils s’en sont tous sortis indemnes, avec seulement quelques égratignures. « Mais nous avons quitté notre maison, et nous sommes dans la rue, car il y a trop de secousses, et on ne sait pas si notre maison va résister. »
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L’article « Pour l’instant, c’est la survie » : en Haïti, après le séisme, les rescapés sont démunis est apparu en premier sur zimo news.