Publié le : 06/08/2021 – 08:06
L’athlète Quinn est devenu le premier sportif transgenre et non-binaire à remporter une médaille aux JO. Iel a remporté, vendredi, la finale du tournoi de football avec l’équipe du Canada, en battant la Suède aux tirs au but. Joueur du club de l’OL Reign, le défenseur espère devenir un modèle pour plus de tolérance.
En 2016, à Rio, Rebecca Catherine Quinn avait remporté le bronze lors du tournoi de football sous les couleurs de l’équipe du Canada. Cinq ans après, l’athlète a décroché la médaille d’or en remportant avec son équipe, vendredi 6 août, la finale contre la Suède, cette fois-ci sous le nom de Quinn.
En septembre 2020, dans un long message publié sur son compte Instagram, ce sportif annonçait être transgenre et non-binaire. « Faire son coming out est difficile », avait écrit le défenseur âgé de 25 ans qui ne s’identifie ni comme homme ni comme femme et qui souhaite être désigné par des pronoms neutres. « Alors que j’ai toujours vécu ouvertement en tant que personne transgenre avec les gens que j’aime autour de moi depuis des années, je m’étais toujours demandé à quel moment j’allais le dire publiquement. (…) Ce que je veux, c’est être visible aux yeux de la communauté queer qui n’a pas l’habitude de voir l’un de ses membres sur un terrain de foot. »
« J’ai vraiment compris qui j’étais »
Né à Toronto, Quinn débute le football à l’âge de cinq ans au sein d’une famille très sportive. Son père était rugbyman et sa mère basketteuse. La Canadienne poursuit ses études aux États-Unis à l’Université de Duke en Caroline du Nord. C’est là que le changement s’opère dans son esprit, comme le rapporte le site de So Foot : « J’ai vraiment compris qui j’étais. Avant, je n’arrivais pas à verbaliser ce que je ressentais. Nous vivons dans un monde tellement binaire, et depuis ma plus tendre enfance, je recevais des injonctions à me comporter et à me présenter de telle façon. Tout ce qui s’en écartait était perçu de façon négative ».
En 2017, son talent explose. Le Spirit de Washington sélectionne l’athlète en 3e position, la meilleure position pour une Canadienne lors d’une Draft. Après une saison dans la ligue nord-américaine, Quinn signe en février 2019 en France au Paris FC jusqu’à la fin de saison, puis retourne de l’autre côté de l’Atlantique où iel évolue désormais avec l’OL Reign, aux côtés notamment de la star américaine Megan Rapinoe.
Depuis sa transition, ses coéquipières lui ont exprimé leur soutien. En juin, les membres de son équipe lui ont offert un maillot portant son numéro 5 avec les couleurs de l’arc en ciel, représentant la fierté de la communauté LGBT. « Elles ont adhéré à ce changement et ont accepté des discussions pas toujours confortables. Je les aime pour ça », avait-elle réagi sur son compte Instagram. Pourtant, les réactions n’ont pas été toujours positives. « Certaines joueuses m’ont déjà dit ouvertement qu’elles n’approuvaient pas que je sois transgenre. J’ai aussi parfois reçu des remarques blessantes », avait-elle admis selon So Foot.
« Le combat n’est pas encore terminé »
À Tokyo, iel a en revanche reçu des centaines de messages d’encouragements « de jeunes personnes disant n’avoir jamais vu une personne transgenre dans le sport auparavant ». « Le sport est la partie la plus excitante de ma vie. Si je peux permettre aux enfants de pratiquer les sports qu’ils aiment, c’est mon héritage et c’est pour cela que je suis ici », a expliqué Quinn au média canadien CBC.
Au Japon, le joueur fait partie des trois sportifs ouvertement transgenres ou non-binaires. La Néo-Zélandaise Laurel Hubbard a concouru en d’haltérophilie, tandis qu’Alana Smith des États-Unis s’est aligné dans l’épreuve de skate.
En vertu des directives adoptées en 2003, le CIO n’autorisait la participation des transgenres qu’aux sportifs ayant subi une opération de réassignation sexuelle, mais il a abandonné cette exigence en 2015, se concentrant sur des taux de testostérone plus faibles. Mais ce règlement fait débat. Certains estiment que les athlètes transgenres bénéficient d’un avantage physique lié à ces niveaux de testostérone. Le CIO reconnait que le nouveau cadre, qui fournit de simples directives pour les fédérations internationales plutôt que des règles strictes, ne constitue pas le dernier mot sur ce sujet. Selon l’AFP, l’instance olympique devrait publier de nouvelles directives sur la question après les Jeux de Tokyo.
Dans un post sur Instagram, Quinn a en tout cas exprimé toute sa fierté de participer à cet événement planétaire après avoir fait son coming-out. Elle a été émue de voir sa nouvelle identité sur la liste et sur son accréditation aux Jeux, tout en insistant sur le fait que de précédents athlètes avaient été incapables « de vivre leur vérité à cause du monde » et que « le combat n’est pas encore terminé ».
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