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En Turquie et en Grèce, une canicule et des feux d’une ampleur historique

Des hommes rassemblent des moutons pour les éloigner d’un incendie qui progresse, le 2 août 2021, à Mugla, en Turquie. YASIN AKGUL / AFP

« Je vais pleurer de rage », a lancé, mardi 3 août sur Twitter, Muhammet Tokat, le maire de Milas (région de Mugla), une ville balnéaire du sud de la Turquie où se situe une importante centrale thermique menacée par les flammes. Voici une semaine que la Turquie est confrontée aux pires incendies de son histoire, un désastre écologique majeur pour sa côte turquoise, dont une partie des collines verdoyantes ne sont plus que désolation. Environ 100 000 hectares de cultures et de pinèdes ont été réduits en cendres, huit fois plus que la moyenne annuelle sur la période 2008-2020.

Depuis les premiers départs de feux, huit personnes ont péri et des centaines ont été blessées, tandis que de nombreux villageois ont perdu leurs maisons et leur bétail. En une semaine, les 5 000 pompiers mobilisés sont parvenus à maîtriser 130 incendies dans 30 provinces du pays, soulignent les autorités. Toutefois, les vents violents, la canicule et la sécheresse alimentent sans cesse de nouveaux foyers, notamment dans les régions d’Antalya, de Mugla et d’Isparta, où les pompiers étaient toujours en action mardi. A Bodrum, station balnéaire réputée, des milliers d’habitants et de touristes ont été évacués par bateau, les routes étant bloquées par les flammes.

Beaucoup ont dû fuir dans la précipitation, laissant derrière eux leurs fermes, leurs troupeaux, leurs maisons secondaires. Mardi soir, la situation semblait critique à Milas où M. Tokat, membre du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), s’est fait l’écho du mécontentement d’une partie de la population, remontée contre la gestion chaotique du gouvernement. Le plus souvent, les riverains luttent contre les feux à coup de seaux d’eau tandis que les pompiers épuisés réclament en vain des interventions aériennes.

Ankara aurait refusé l’aide d’Athènes

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a reconnu que le pays ne disposait pas d’une flotte d’avions anti-incendies en état de fonctionner. Sur les six Canadair que possède la Turquie, « trois n’ont plus de moteurs, des oiseaux y ont fait leurs nids », a précisé Bekir Pakdemirli, le ministre de l’agriculture et des forêts. Le gouvernement est également critiqué pour avoir tardé à demander l’aide de l’Union européenne. Au sixième et septième jours du sinistre, soit lundi et mardi, trois Canadair ont été envoyés par l’Espagne et la Croatie. Selon des médias grecs, Ankara aurait refusé l’aide d’Athènes, préférant s’adresser à la Russie, à l’Ukraine et à l’Azerbaïdjan.

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