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A La Havane, le quotidien harassant des Cubains pour acheter du poulet, du café ou de la lessive

Des personnes font la queue pour acheter de la nourriture à La Havane, Cuba, le 2 février 2021. YAMIL LAGE / AFP

Devant les tapis roulants de l’aéroport José-Marti de La Havane, à Cuba, trois, quatre, voire cinq énormes valises s’entassent sur chacun des chariots des passagers en provenance de Madrid ou de Toronto en cette mi-juillet. Des bagages qui débordent de produits introuvables sur l’île. « J’amène du shampoing, du lait en poudre, des biscuits, des pâtes, des boîtes de thon et de sardines, des chaussures, des médicaments… De tout, car ils n’ont rien », résume une passagère venue voir sa famille, et qui préfère rester anonyme.

La diaspora n’a pas attendu les annonces du dirigeant cubain Miguel Diaz-Canel pour voyager chargée comme une mule, afin de soulager la misère de ses compatriotes. Le 14 juillet, trois jours après des manifestations inédites et massives contre le régime, le président a en effet autorisé, « de façon exceptionnelle et temporaire, l’importation par les passagers, dans leurs valises, d’aliments, produits d’hygiène et médicaments, sans limite de valeur et sans taxes douanières », pour alléger les pénuries récurrentes sur l’île des Caraïbes.

D’autres initiatives ont été prises pour venir en aide au pays et calmer une colère populaire grandissante qui menace la continuité du régime en associant les cris « Nous avons faim » et « A bas la dictature ». D’ordinaire réticent à recevoir de l’aide humanitaire, le régime cubain, cette fois, en a fait lui-même la demande et plusieurs pays ont répondu à son appel.

Le 26 juillet, la Russie a ainsi envoyé 88 tonnes d’aide humanitaire à Cuba, réparties dans deux avions-cargos Antonov An-124 contenant principalement de la farine de blé, des conserves de viande, de l’huile de tournesol et des masques chirurgicaux. Les 27 et 28 juillet, le Mexique a fait partir du port de Veracruz deux bateaux chargés de vivres, de médicaments, de bombonnes d’oxygène pour contrer la flambée de l’épidémie de Covid-19, et de carburants afin de pallier les coupures d’électricité. La Chine a fait don d’une trentaine de respirateurs artificiels. Le 30 juillet, un avion des forces aériennes boliviennes a, quant à lui, transporté 20 tonnes d’aide humanitaire. Les vivres – principalement du riz, des céréales, des pâtes, de l’huile et du sucre – seront répartis gratuitement dans tous les foyers, a expliqué la ministre du commerce intérieur cubaine, Betsy Diaz.

Des produits récoltés qui n’arrivent pas en ville

Car à chaque coin de rue de La Havane, sous une chaleur humide insoutenable, des files interminables se forment devant toutes sortes de magasins pour acheter du poulet, du café ou de la lessive. Contraints de faire la queue durant des heures pour se nourrir, les Cubains n’hésitent plus à se plaindre tout haut du gouvernement, du manque d’aliments, des quantités restreintes fixées par le carnet de rationnement et de la prolifération des boutiques en monnaie librement convertible (MLC), où seul le paiement en devises étrangères est accepté.

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