Israël a soutenu, dimanche 1er août, détenir des « preuves » de l’implication de l’Iran dans une attaque meurtrière contre un pétrolier géré par un milliardaire israélien en mer d’Oman et menacé ce pays de représailles, après que Téhéran a nié tout lien avec cette affaire.
De son côté, le ministre des affaires étrangères britannique, Dominic Raab, a également estimé que cette attaque avait été « menée par l’Iran ». Jugeant cette attaque « délibérée, ciblée et illégale », « le Royaume-Uni appelle l’Iran à cesser immédiatement ses actions mettant en danger la paix et la sécurité régionales et internationales », a fait savoir le ministre dans un tweet.
Une attaque au drone
Jeudi, le pétrolier Mercer-Street, appartenant à l’homme d’affaires et milliardaire Eyal Ofer, a été la cible d’une attaque au drone en mer d’Oman, selon l’armée américaine, dont plusieurs navires sont présents dans la région.
L’attaque, qui n’a pas été revendiquée, a fait deux morts, un Britannique employé par la société de sécurité Ambrey, et un membre d’équipage, roumain, selon l’armateur Zodiac Maritime, une société internationale sise à Londres et appartenant à Eyal Ofer.
Le Mercer-Street naviguait sans cargaison de Dar es-Salaam, en Tanzanie, à Fujairah (Emirats arabes unis), quand il a été pris pour cible, selon Zodiac Maritime qui exploite ce navire japonais battant pavillon libérien.
Israël a aussitôt accusé la République islamique d’Iran, par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères Yaïr Lapid vendredi, d’être « un exportateur de terrorisme, de destruction et d’instabilité qui fait mal à tout le monde ».
Le chef de la diplomatie israélienne, qui s’est entretenu au téléphone dans la nuit de samedi à dimanche avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, a appelé à une action contre l’Iran à l’ONU.
L’Iran dément fermement
Dimanche, l’Iran, grand rival d’Israël, a nié toute implication dans cette affaire : « Le régime sioniste [Israël] doit cesser de [lancer] de telles accusations infondées », a déclaré le porte-parole de sa diplomatie Saïd Khatibzadeh lors d’une conférence de presse à Téhéran. Et d’ajouter : « L’Iran n’hésitera pas un instant à défendre ses intérêts et sa sécurité nationale. »
A Jérusalem, le premier ministre, Naftali Bennett, qui a succédé le mois dernier à Benyamin Nétanyahou, a répondu de manière sèche et directe au démenti iranien. « Je viens d’entendre que l’Iran, de manière lâche, tente d’échapper à sa responsabilité dans cette affaire, qu’il nie [toute implication]. Alors, je peux dire avec une certitude absolue que l’Iran a mené cette attaque contre le navire (…) Il y a des preuves de cela », a-t-il dit à l’occasion d’une réunion hebdomadaire de son gouvernement.
« Nous nous attendons à ce que la communauté internationale signifie clairement au régime iranien qu’il a fait une grave erreur. Dans tous les cas, nous savons comment envoyer un message à l’Iran à notre manière », a ajouté M. Bennett, sans autre précision.
Des cargos précédemment attaqués
Depuis des années, Israël et l’Iran s’affrontent directement ou indirectement au Liban, en Syrie et dans la bande de Gaza palestinienne. Mais ces derniers mois, cette rivalité s’est transposée en mer avec l’émergence d’une mystérieuse série de sabotages et d’attaques.
Le 10 mars, un cargo de la compagnie de transport maritime publique iranienne IRISL, le Shahr.e.Kord, a été touché à la coque par un engin explosif en Méditerranée. Téhéran avait alors affirmé que « tout laisse penser que le régime d’occupation de Jérusalem [Israël, dans la phraséologie officielle iranienne] est derrière cette opération ».
En avril, l’Iran avait annoncé qu’« un navire commercial » iranien, le Saviz, avait été endommagé en mer Rouge par une explosion d’origine indéterminée. Le New York Times avait alors rapporté que le Saviz avait été visé par une attaque de « représailles » israélienne après « des frappes antérieures de l’Iran contre des navires israéliens ».
Pour des analystes, ce bras de fer en mer s’inscrit dans le cadre d’une rivalité plus grande sur la question du nucléaire iranien, Téhéran tentant de faire monter la pression afin d’obtenir un nouvel accord lui étant favorable, tandis que l’Etat hébreu cherche à l’en empêcher.
Les autorités iraniennes ont d’ailleurs accusé Israël à plusieurs reprises d’avoir saboté certaines de ses installations d’enrichissement d’uranium, voire d’avoir assassiné des scientifiques qui seraient liés au développement de ce programme.
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