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L’Afghanistan et le Pakistan à couteaux tirés, sur fond d’offensive talibane

Rassembleme de personnes tenant des drapeaux talibans, près du point de passage de Friendship Gate, dans la ville frontalière pakistano-afghane de Chaman, au Pakistan, le 14 juillet 2021. ABDUL KHALIQ ACHAKZAI / REUTERS

Le départ des Américains d’Afghanistan provoque un nouvel accès de fièvre entre Kaboul et Islamabad. Vendredi 16 juillet, la fille de l’ambassadeur d’Afghanistan au Pakistan, âgée de 26 ans, a été kidnappée alors qu’elle était partie faire une course en taxi en plein cœur de la capitale pakistanaise. Elle aurait été agressée par deux hommes, avant d’être abandonnée sans connaissance sur le bord de la route. Dimanche 18 juillet, Kaboul a rappelé son ambassadeur, après quoi le Pakistan a fait de même avec le sien en poste en Afghanistan.

Lundi, l’envoyé spécial de la Maison Blanche chargé du dossier afghan, Zalmay Khalilzad, s’est rendu brièvement dans la capitale pakistanaise pour demander aux deux pays d’observer « une trêve », ne serait-ce que « temporairement », à l’occasion de l’Aïd-el-Kébir, la fête musulmane célébrée du 19 au 23 juillet cette année. Le diplomate américain arrivait de Doha, où les négociations interafghanes ont repris pendant le week-end. Pour la première fois depuis l’ouverture du processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans, en septembre 2020, des pourparlers ont pu se dérouler au plus haut niveau, sur fond d’intensification des combats en Afghanistan.

M. Khalilzad a rencontré lundi le chef d’état-major des armées pakistanaises, le général Qamar Javed Bajwa. Il était porteur d’un message optimiste sur l’évolution de la situation en Afghanistan, que les Etats-Unis ont quitté presque entièrement le 2 juillet. Pourtant, les discussions interafghanes de Doha ne laissent aucunement entrevoir la fin prochaine des affrontements entre les forces de sécurité afghanes et le mouvement insurgé.

« Déni pakistanais »

Le Pakistan, dans ce contexte hautement volatil, est accusé de jeter de l’huile sur le feu. Jeudi 15 juillet, le premier vice-président afghan, Amrullah Saleh, a déclaré sur Twitter que l’armée de l’air pakistanaise fournissait actuellement un « appui aérien rapproché aux talibans dans certaines zones » et qu’elle s’était livrée récemment à un chantage, en « prévenant l’armée afghane qu’elle repousserait toute action visant à déloger les talibans de la région de Spin Boldak ». C’est dans cette ville du sud de l’Afghanistan, située entre Kandahar et la frontière pakistanaise, que le photographe indien Danish Siddiqui a trouvé la mort, vendredi, sous les balles des talibans.

La réaction d’Islamabad aux propos de M. Saleh ne s’est pas fait attendre. « Ces déclarations sapent les efforts sincères du Pakistan pour jouer un rôle dans la recherche d’une solution appropriée sous l’égide des Afghans eux-mêmes », a rétorqué le ministre des affaires étrangères pakistanais, Shah Mehmood Qureshi. Ce dernier a assuré que le Pakistan avait au contraire répondu favorablement, vendredi, à la demande du gouvernement afghan de mener des opérations aériennes dans le secteur de Spin Boldak, « en dépit de la pratique internationale consistant à ne pas autoriser de telles opérations près d’une frontière ».

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