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« L’intégration des questions climatiques à la politique monétaire s’inscrit pleinement dans le mandat de la BCE »

Tribune. La Banque centrale européenne (BCE) a fait un pas historique le 8 juillet en annonçant, pour la première fois, l’intégration du changement climatique dans sa politique monétaire. Ce n’est pas par hasard que la présidente de la BCE, Christine Largarde, a déclaré que le changement climatique sera « désormais au cœur de [leur] stratégie ». A partir de cette année, le changement climatique influencera les évaluations de la politique monétaire et son cadre opérationnel.

Longtemps décriée pour son obsession pour l’inflation, l’institution européenne donne de ce fait tort à ses détracteurs. D’une certaine manière, ce n’est que la poursuite de dix ans de politique monétaire non conventionnelle. En effet, la nouvelle stratégie de la BCE vient d’abord et avant tout sceller la fin de l’orthodoxie monétaire. Mais, s’agissant du climat, ces annonces portent en elles l’aveu que l’économie n’évolue pas comme une bulle imperméable aux changements profonds de nos sociétés, qu’ils soient sociaux ou environnementaux.

Les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, comme ceux plus récents de la recherche économique et financière, suggèrent en effet que, quelle que soit la trajectoire climatique, nous sommes à l’aube d’une transformation radicale de nos économies. Cette transformation ne pourra se matérialiser sans conséquence sur la stabilité des prix, au premier rang desquels les prix des matières premières et de l’énergie, qui font déjà l’objet d’une forte volatilité.

Une prise en compte mondiale des grands argentiers

Cette reconnaissance de l’importance du changement climatique n’est pas propre à la BCE, mais correspond à un changement profond des mentalités au sein des banques centrales. De la Réserve fédérale à la Banque d’Angleterre, de la Banque centrale du Brésil à la Banque populaire de Chine, le changement climatique est de plus en plus ouvertement admis par les grands argentiers comme un défi majeur pour l’économie mondiale, affectant les objectifs de politique monétaire.

En outre, l’intégration des questions climatiques à la politique monétaire s’inscrit pleinement dans le mandat dont la BCE dispose en vertu des traités. Ce mandat ne s’est jamais résumé à la seule stabilité des prix mais requiert aussi, depuis le traité de Maastricht, le soutien de la politique monétaire aux politiques économiques, afin de contribuer à la réalisation des objectifs de l’UE. La protection de l’environnement figure parmi ces objectifs. Entre deux mesures d’effet équivalent pour la stabilité des prix, l’institution européenne s’est ainsi engagée à choisir la mesure la plus favorable à l’environnement.

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