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Du Mexique à l’Inde, en passant par l’Azerbaïdjan, l’obsession de la surveillance des journalistes

Publié aujourd’hui à 18h00, mis à jour à 18h33

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EnquêteLes révélations du « Projet Pegasus » montrent que l’espionnage de la presse ne concerne pas que les pays autocratiques, comme l’Azerbaïdjan. Des démocraties ont également recours au puissant logiciel espion israélien.

Azerbaïdjan, Togo, Bahreïn, Mexique : tous ces utilisateurs de Pegasus, et bien d’autres, ont en commun de viser des journalistes avec le puissant logiciel espion israélien. Depuis des années, des organisations comme Amnesty International et Reporters sans frontières (RSF) dénoncent l’utilisation de logiciels de ce type contre eux.

Les révélations du « Projet Pegasus », basées sur l’analyse d’une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par des clients de NSO Group pour un éventuel ciblage par le logiciel espion de l’entreprise israélienne, et transmise par Forbidden Stories et Amnesty International à seize rédactions, dont celle du Monde, montrent que l’espionnage des journalistes ne concerne pas que les pays autocratiques, comme l’Azerbaïdjan.

Focus sur les journalistes d’investigation

Des démocraties aussi surveillent des journalistes d’investigation, au Mexique ou en Inde, et même en Europe, en Hongrie. Certains Etats, comme le Maroc, n’hésitent pas non plus à viser des journalistes étrangers. En France, les services marocains se sont ainsi intéressés aux téléphones de journalistes du Monde, de Mediapart, de France Télévisions ou de Radio France, pour ne citer qu’une petite partie des cibles.

Les révélations du « Projet Pegasus » sont les toutes dernières d’une longue liste d’attaques contre des journalistes, commises grâce au logiciel espion de NSO Group. De précédentes enquêtes avaient déjà montré que des dizaines de collaborateurs de la presse mexicaine avaient été espionnés par ce biais. En 2020, des analyses techniques menées par les experts du Citizen Lab de l’université de Toronto, au Canada, montraient ainsi que trente-six journalistes et cadres d’une filiale de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira avaient été attaqués par Pegasus. La même année, Amnesty International démontrait que le téléphone du journaliste marocain Omar Radi avait lui aussi été infecté par le logiciel espion.

Usages interdits mais réguliers

Confrontée à ces usages illégaux de son logiciel, NSO Group a, au fil des années, adopté plusieurs lignes de défense, avançant tout à la fois que chaque client est responsable de la bonne utilisation de son logiciel, et que des procédures rigoureuses de contrôle et d’audit interne étaient conduites pour éviter, notamment, que des journalistes soient ciblés illégalement.

Après l’assassinat du chroniqueur et dissident saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite, à Istanbul, alors que Pegasus était soupçonné d’avoir été utilisé par les autorités du royaume pour traquer ce dernier, le PDG de NSO Group, Shalev Hulio, avait vivement nié toute implication. Un client qui utiliserait Pegasus pour autre chose que la lutte contre le crime et le terrorisme risquerait une « sanction immédiate, décisive et sans compromis » de la part de NSO, affirmait-il. L’analyse des données, partagées par Forbidden Stories et Amnesty International avec les seize médias partenaires du « Projet Pegasus », montre clairement que les exploitations du logiciel espion contre des journalistes ne sont pas des accidents.

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