Tarek a perdu 14 kilos depuis le début de sa grève de la faim. En ce mois de juillet frisquet et pluvieux à Bruxelles, il est emmitouflé dans sa parka beige, dont il a remonté le capuchon. Il est seul sur un banc, face à l’église Saint-Jean-Baptiste-au-Béguinage, gigantesque édifice baroque dans le centre historique de la capitale belge et Maison de la compassion, au cœur d’un projet de rencontre entre personnes de toutes les convictions. Depuis quelques années, l’église est surtout le lieu où se rassemblent, à intervalles réguliers, des sans-papiers en quête d’une régularisation.
Quelque 250 Marocains, Tunisiens, Egyptiens, Pakistanais ou Népalais, hommes et femmes, parfois accompagnés d’enfants, sont en grève de la faim et occupent, cette fois, les lieux depuis la fin mai. Un peu plus de 200 autres ont envahi des réfectoires des universités libres, francophone et néerlandophone, de Bruxelles (ULB et VUB), à l’autre bout de la ville.
Tous les grévistes espéraient une régularisation, comme celles survenues à plusieurs reprises. Mais la dernière a eu lieu en 2009 et, depuis, les conditions d’accès aux titres de séjour se sont durcies, relève la Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (CIRE). Les occupants de l’église du Béguinage misaient aussi sur le fait que l’actuel gouvernement, une coalition rassemblant les libéraux et le centre droit flamand, mais aussi la gauche socialiste et écologiste, serait plus sensible à leur détresse que le précédent secrétaire d’Etat à la migration, le nationaliste flamand Theo Francken, et l’ex-ministre de l’intérieur, Jan Jambon.
Grève de la faim « inacceptable »
Vain espoir, apparemment. « Il n’y aura pas de régularisation collective », répète Sammy Mahdi, nommé secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration en octobre 2020. Ce chrétien démocrate flamand, soutenu par le premier ministre libéral, Alexander De Croo, avance ses réalisations : accueil facilité et accéléré pour les réfugiés, guichet numérique pour obtenir un permis de travail, procédure pour les plus vulnérables. En revanche, insiste-t-il, pas question de régularisations collectives qui pénaliseraient les 8 000 étudiants étrangers qui ont dû remplir de nombreuses formalités pour venir étudier, les 15 000 extra-Européens qui ont obtenu le droit de travailler avec un permis à la clé, ou tous ceux qui sont rentrés chez eux et « ont dû renoncer à un rêve ». « Il est inacceptable de recourir à une grève de la faim pour contourner les règles », dit ce jeune responsable, qui rejette toute accusation d’inhumanité.
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