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Budget 2022: qui sont les ministres gagnants?

Pour le dernier budget du quinquennat, Bercy a décidé de mettre la main au portefeuille. Le gouvernement a enfin rendu son rapport sur l’orientation des dépenses publiques pour l’année 2022. Au total, 10,8 milliards d’euros supplémentaires (hors plan de relance et mesures d’urgence) seront débloqués l’année prochaine pour le budget des ministères, a annoncé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le jeudi 15 juillet. “Nous avons privilégié les dépenses qui se trouvent au cœur des missions de l’Etat: les armées, la justice, la police, l’éducation et la recherche”, a-t-il affirmé aux quelques députés présents à l’Assemblée nationale pour la présentation de ces nouveaux crédits. Un budget politique aux allures de programme, à moins d’un an de la présidentielle. 

Pendant plusieurs semaines, les poids lourds du gouvernement ont bataillé pour imposer à Bercy leur feuille de route et leurs plafonds, multipliant les allées et venues dans le bureau du ministre délégué au budget, Olivier Dussopt. Les arbitrages, entamés au mois de juin, se seront d’ailleurs prolongés jusque tard dans la nuit. Des décisions “difficiles” ont dû être prises, a concédé le ministre devant une Assemblée aux rangs plutôt dégarnis, malgré le poids des enjeux. Les derniers arbitrages ont été rendus “quinze minutes” avant d’envoyer le texte final aux députés,

a tenu à préciser le ministre. Un sens du timing qui en dit long sur l’importance accordée par le gouvernement à ces ajustements budgétaires de dernière minute.  

Un budget pré-électoral

Car les crédits accordés à chaque ministère pèseront, à coup sûr, dans la bataille de la présidentielle. Revalorisation du salaire des professeurs, hébergement d’urgence, aides à l’insertion des jeunes, les mesures financées par cet ultime coup de bourse alimenteront les débats l’année prochaine. Autant, donc, se donner les coudées franches. “Dans ce budget, nous allons mettre plus d’argent sur les mesures qui marchent le mieux et qui donnent des résultats immédiats, à savoir l’environnement et l’emploi des jeunes”, a assuré Bruno Le Maire. Le gouvernement table, notamment, sur une reprise de la croissance, relevée à 6%, et un déficit public limité à 9% du PIB. 

“Deux indicateurs qui ont amené le gouvernement à revoir ses prévisions”, commente l’ancien magistrat à la Cour des comptes, François Ecalle, actuellement président de l’association Fipeco. “C’est une autre forme de “quoi qu’il en coûte”, sauf que ces mesures, cette fois-ci, ne seront pas temporaires”, ajoute-t-il. Autre point soulevé par l’expert, l’absence de cohérence entre ces choix: “presque tous les ministères vont voir leurs crédits augmenter. Le seul qui n’augmente pas, c’est Bercy, qui doit réduire son nombre de postes. Ce qui est marquant dans ce budget, c’est qu’il n’a pas de réelles priorités. Tout se bouscule entre les anciennes annonces, les futures réformes et les mesures d’urgence sans que l’on puisse en extraire une idée d’ensemble”. 

1,7 milliard pour l’Education

Les crédits de plusieurs ministres pourraient augmenter significativement. Aussi le gouvernement a-t-il donné la priorité à des ministres de poids, comme Gérald Darmanin, qui décroche une enveloppe d‘un milliard d’euros pour renforcer les missions de sécurité de l’Etat. Un peu moins, donc, que le milliard et demi annoncé aux syndicats par le ministre de l’Intérieur lors du “Beauvau de la Sécurité”. Mais ce sont les ministères de la Défense — dont le budget a déjà été fixé lors du vote de la loi de programmation militaire 2019–2025 — et de l’Education qui sortent du lot avec des enveloppes de 1,7 milliard d’euros supplémentaires chacun pour l’année prochaine. De quoi réjouir Jean-Michel Blanquer. “Nous sommes forcément satisfaits de voir que l’éducation reste une priorité en cette dernière année du quinquennat”, confie à Challenges le ministère de l’Education.

Une rallonge qui devrait permettre au ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, de revaloriser le salaire des enseignants, comme il l’avait promis au moment du Grenelle de l’éducation, au mois de mai. Mais il ne sera pas le seul à pouvoir s’offrir une marge d’action. L’enveloppe allouée à la Recherche et l’Enseignement supérieure sera, elle aussi, relevée de 900 millions d’euros pour alléger le sort des étudiants pendant la crise. Une solution pour financer les tickets repas à 1 euros qui continueront d’être distribués aux étudiants non-boursiers à la rentrée. Les jeunes seront également visés à travers le “revenu d’engagement” qui sera mis en place à la rentrée grâce à une hausse de crédits arrachée par la ministre du Travail, Elisabeth Borne, de 500 millions d’euros. 

Ceux qui risquent d’y perdre

Seuls quelques ministères se verront attribuer moins de crédits que l’année dernière. Parmi les ministères qui s’en tirent plutôt avec moins que plus, il faut citer celui des Anciens combattants, dont le budget sera raboté de 100 millions d’euros, ainsi que la mission de “service public de l’énergie”, amputée de 700 millions d’euros. Une baisse compensée, selon le gouvernement, par un engagement plus fort dans la “décarbonation de notre économie” et dans les énergies renouvelables. Le ministère de la Transition écologique se verra attribuer en conséquence 1,1 milliard d’euros supplémentaires, soit la troisième place parmi les budgets qui augmentent. Des « mesures électoralistes », selon le député centriste Charles de Courson, qui ne s’est pas privé d’accuser le gouvernement d’ouvrir un « open bar budgétaire ».  

Les nouvelles dépenses devront encore être soumises aux députés, à la fin du mois du septembre, avant d’être adoptées dans la loi de Programmation des finances publiques pour 2022. Des débats, qui s’inscriront, sans aucun doute, dans la campagne présidentielle. 

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