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Amnesty international dénonce la coopération migratoire entre l’Union européenne et la Libye

Une migrante transporte ses affaires dans le centre de détention de la banlieue de Tajoura, près de Tripoli, touché par une frappe aérienne, le 3 juillet 2019. ISMAIL ZITOUNY / REUTERS

Dans un rapport publié jeudi 15 juillet, Amnesty International décrit les « effroyables violations » des droits humains dans les centres de détention libyens où sont retenus des migrants interceptés alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe. Violences, viols, tortures, disparitions, bébés morts faute de soins… Les accusations sont accablantes.

Le document de l’ONG se fonde sur 53 témoignages, dont 49 émanant de personnes placées dans des lieux de détention directement après leur interception en mer. Réquisitoire contre les gardes-côtes libyens, formés et financés par l’Union européenne, le document est aussi un acte d’accusation contre cette dernière et ses Etats membres qui semblent fermer les yeux, « alors qu’ils ont parfaitement conscience des horreurs que les personnes vont subir », tranche Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Les interceptions se sont multipliées depuis six mois, relève, de son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) : 15 300 personnes ont été renvoyées en Libye depuis le 1er janvier, trois fois plus que pour la même période en 2020. Situation « préoccupante », juge l’agence liée aux Nations unies, « étant donné que les migrants renvoyés en Libye sont soumis à des détentions arbitraires, des disparitions, des tortures ».

« Réseau pourri jusqu’à la moelle »

Amnesty cible, à cet égard, le ministère de l’intérieur libyen, qui contrôle la direction de la lutte contre la migration illégale (DCIM). Cette structure a intégré des centres de détention qui étaient aux mains de milices accusées d’avoir organisé, par le passé, des disparitions forcées.

Alors même que les autorités de Tripoli s’étaient engagées à fermer les établissements où des atteintes aux droits fondamentaux avaient été constatées, elles ont donc, en réalité, organisé une impunité, et même officialisé d’anciennes prisons « informelles ». Des survivants de ces structures, rebaptisées depuis, témoignent notamment de violences sexuelles exercées sur des femmes, en échange de nourriture ou de leur libération.

Des postes et des promotions ont été offerts à d’anciens gardiens tortionnaires, affirme Amnesty. Le centre de Tadjourah, connu pour avoir été le lieu de mauvais traitements, a ainsi été fermé à l’été 2019, mais son directeur et ses adjoints ont pris la tête du centre Al-Mabani, près de Tripoli. C’est là que quelque 7 000 personnes interceptées depuis le début de l’année ont été transférées. Certaines d’entre elles ont raconté à Amnesty un quotidien fait de travail forcé, d’extorsion, de traitements cruels et de tortures. Des surveillants auraient aussi tiré sur des détenus.

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