En France, 50 % des départements autorisent le déterrage des blaireaux dès le 15 mai de chaque année, avant l’ouverture générale de la chasse au mois de septembre. Même si ce taux tend à diminuer depuis 5 ans, la Fondation 30 Millions d’Amis en appelle à une interdiction totale de cette pratique d’un autre temps.
Traqués, acculés puis tirés de leur terrier pour être tués… Les blaireaux sont victimes de la chasse sous terre : une pratique cruelle, source d’une grande souffrance. « Rien ne justifie cet acharnement contre des animaux sensibles et intelligents, déplore l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS). Le blaireau n’est pas classé « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » ». L’espèce est même inscrite à l’Annexe III de la Convention de Berne relative aux espèces de faune protégée !
Un « bon début »…
Certains décideurs publics l’auraient-ils enfin compris ? Si la moitié des départements refusent désormais de prolonger le déterrage dès la mi-mai (autrement dit, au-delà de la période légale de chasse qui débute habituellement à la mi-septembre) ; en 2016, ils étaient plus des trois quarts à autoriser cette période complémentaire.
Rien ne justifie cet acharnement contre des animaux sensibles et intelligents.
ASPAS
Une impulsion liée à l’évolution du droit et des connaissances scientifiques. En effet, l’article L. 424-10 du Code de l’environnement interdit de détruire « les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée ». Or, « Des études scientifiques ont démontré que les juvéniles restent dépendants de leur mère jusqu’à fin juillet début août », explique Frédéric Daniel, responsable du dossier chasse et blaireaux pour l’association AVES France.
Raison pour laquelle plusieurs préfectures de départements ont décidé de retarder le début de la période complémentaire de déterrage. C’est le cas de l’Ardèche, de la Drôme, du Cantal, de la Corrèze, de l’Indre, de l’Isère et des Pyrénées-Atlantiques. Certains départements – à l’instar de l’Ariège, la Côte d’Or ou la Moselle – ont même renoncé à autoriser toute période additionnelle pour les saisons 2020-2021 et 2021-2022.
… en attendant une prise de conscience générale
« Ces restrictions sont un bon début, mais notre combat ne s’arrêtera pas avant d’avoir obtenu l’interdiction totale des pratiques de chasse traditionnelles qui consistent à déterrer les animaux vivants dans le but de les abattre, tance l’ASPAS. Il n’est plus concevable de continuer la guerre contre la vie sauvage, ni de brutaliser des animaux sensibles pour le simple loisir. Lorsque la faune sauvage occasionne une gêne pour les activités humaines, la priorité doit être de réfléchir à des solutions de cohabitation plutôt que la destruction ! »
La priorité doit être de réfléchir à des solutions de cohabitation plutôt que la destruction.
ASPAS
Une voie à suivre d’autant plus indispensable que les dégâts imputés aux blaireaux sont marginaux. La plupart des dommages agricoles seraient même causés par des sangliers… pour certains élevés, relâchés et chassés ! Au contraire, la présence des mustélidés s’avèrerait même bénéfique aux cultures en évitant la prolifération des larves de hanneton, des nids de guêpes, des limaces et campagnols.
Pourtant, la France continue de considérer l’espèce comme chassable et, à cet égard, fait figure – là encore ! – d’exception en Europe, à l’instar de son voisin d’outre-Rhin. La Fondation 30 Millions d’Amis demande donc à la ministre de la Transition Ecologique et Solidaire Barbara Pompili d’interdire définitivement, sur l’ensemble du territoire national, cette pratique d’un autre âge.
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