Les spécialistes sont perplexes : pourquoi tant de violence ? Le phénomène avait commencé avant la pandémie. Le confinement l’a exacerbé. Les Etats-Unis connaissent une flambée de criminalité sans précédent depuis trente ans. Selon le groupe de recherche Gun Violence Archive, qui comptabilise les incidents, le nombre de morts par armes à feu, hors suicides, a augmenté de 25 % en 2020, ce qui en a fait l’année la plus meurtrière depuis deux décennies (avec 19 000 décès). Et le record menace d’être battu en 2021 : depuis janvier, près de 10 000 morts ont déjà été enregistrées. Le Washington Post, qui a analysé les informations recueillies par Gun Violence Archive, a totalisé 8 100 victimes dans les cinq premiers mois de l’année : soit une moyenne de 54 personnes tuées chaque jour par armes à feu – 14 de plus que pendant la même période des six années précédentes.
En l’absence de statistiques fédérales centralisées en temps réel, les chiffres de la criminalité sont calculés à partir des informations communiquées par les services de police des grandes villes. Quelles que soient les particularités régionales, ils montrent une même tendance. Le nombre d’homicides a augmenté de 33 % dans les 66 principales villes du pays entre 2019 et 2020, selon une compilation de l’association des commissaires de police. La tendance s’est poursuivie en 2021 : 29 % d’augmentation pour le premier trimestre, selon la même source. Plus de 2 000 personnes ont été victimes de violence domestique par armes à feu, une augmentation de 4 % par rapport à 2019. En revanche, la petite délinquance – braquages, agressions non armées – est en baisse, en dépit de l’impression laissée par les vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux qui montrent des jeunes se servant dans les rayons des magasins désertés par la pandémie.
Retour aux années 1990
Globalement, la criminalité reste « basse » aux Etats-Unis, loin des records de 1990, au plus fort de l’épidémie de crack, analyse Ronald Wright, professeur de droit et spécialiste de justice pénale à l’université Wake Forest. « On reste au niveau auquel on était arrivés après presque deux décennies » de déclin progressif, précise-t-il. Mais, si on considère uniquement les homicides, « ça nous ramène à la fin des années 1990 ».
Toutes les grandes villes ont observé, à des degrés divers, une hausse des homicides : + 22 % à Los Angeles ; + 13 % à Washington ; + 50 % à Atlanta ; + 30 % à Miami. A New York, le nombre de shootings a augmenté de 97 % (de 777 fusillades en 2019 à 1 531 en 2020). La ville est loin des 2 000 meurtres du début des années 1990 mais l’inquiétude est réelle. Et les experts en veulent pour preuve que le candidat qui est arrivé en tête, le 22 juin, de la primaire démocrate pour l’élection municipale de novembre est l’ancien capitaine de police Eric Adams. Probable prochain maire de New York, il avait fait campagne sur la sécurité dans les quartiers noirs et latinos. « Actuellement, un plus grand nombre de gens périssent par les armes à feu que par le Covid », a déclaré le gouverneur Andrew Cuomo le 6 juillet, en annonçant des mesures d’urgence pour essayer de freiner la violence.
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