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Guillaume Martin peut-il rester sur le podium jusqu’aux Champs-Elysées?

Présent dans l’échappée ce samedi, lors de la 14e étape du Tour de France, Guillaume Martin a réussi une excellente opération en gagnant suffisamment de temps pour grimper à la deuxième place du classement général. Mais les Pyrénées et un nouveau contre-la-montre arrivent.

Il y a encore quelques jours, il ne fallait surtout pas parler du classement général à Guillaume Martin. Même pas d’un éventuel top 10. « Je n’ai pas commencé à me mettre ça en tête. Je reste sur l’objectif de viser une étape », répétait-il à l’envi aux journalistes. Il va devoir changer de discours. Car en prenant l’échappée et en terminant avec plus de cinq minutes d’avance sur le peloton ce samedi lors de la 14e étape du Tour de France, à Quillan, le grimpeur normand de la Cofidis (28 ans) a effectué un sacré bond en avant.

Le voilà propulsé à la deuxième place, lui qui était encore neuvième ce matin. Seul le Slovène Tadej Pogacar le devance, de quatre minutes et quatre secondes. Mais Martin voit désormais dans son rétroviseur le Colombien Rigoberto Uran (à 1’14’’), le Danois Jonas Vingegaard (à 1’28’’) ou encore l’Equatorien Richard Carapaz (à 1’29’’). Forcément, la question se pose: peut-il rêver d’un podium sur les Champs-Elysées? Lui ne répondra pas. Pas encore.

Vasseur et les « rêves en jaune »

« C’est une bonne journée, a-t-il simplement commenté à l’arrivée. J’ai vraiment envie de prendre des risques. J’espère que je ne vais pas le payer samedi. Je me rapproche au général, c’est assez bizarre comme Tour mais ça me réussit plutôt et j’espère que ça va continuer. Je vais faire les comptes. Il faudra s’accrocher après les efforts consentis aujourd’hui. J’ai forcé mon destin. »

S’enflammer n’est pas dans ses gênes. Il sait qu’il a devant lui quatre étapes programmées dans les Pyrénées. Avec, dès dimanche, un parcours corsé entre Céret et Andorre-la-Vieille, marqué notamment par l’ascension du col de Beixalis (6,4 km à 8,5 %). Au lendemain de la journée de repos, les cadors pourraient avoir droit à une courte trêve mardi, entre le Pas de la Case et Saint-Gaudens, avec un profil sans difficulté de haute montagne censé favorisé des baroudeurs plutôt que des purs grimpeurs. Mais les choses sérieuses reprendront mercredi avec trois gros obstacles à affronter lors de la 17e étape: Peyresourde, Val Louron-Azet et, pour finir, 16 km d’ascension à près de 9 % de moyenne du sympathique col du Portet.

Pas de répit non plus jeudi avec la dernière étape montagneuse de cette 108e édition entre Pau et Luz Ardiden. Un menu copieux. Sans oublier le contre-la-montre de 31 km placé la veille de l’arrivée à Paris. Un exercice dans lequel Martin peine à briller. A Laval, lors du premier chrono de ce Tour, il avait fini 70e, à trois minutes de Pogacar. Mais Cédric Vasseur se veut confiant. Très confiant, même.

« Les Pyrénées, ça avait bien fonctionné l’an dernier pour Guillaume. On peut lui faire confiance. Je suis très optimiste au moment d’aborder la dernière partie du Tour. Il faudra des relais dans l’équipe. On a Jesus Herrada, Rubén Fernández, Simon Geschke… On ne sait pas ce qui peut arriver. Il vaut mieux être deuxième que neuvième à une semaine de l’arrivée. Ça va rebooster l’équipe. On va tous le soutenir, il va encore monter de statut dans l’équipe. Je le sens concentré et détendu », assure le manager de la Cofidis. C’est vrai, sur le Tour 2020, Martin s’était retrouvé troisième du général après la parenthèse pyrénéenne. Un classement qui avait laissé entrevoir de belles possibilités, mais il avait dû se contenter d’une onzième place finale à Paris. A en croire Vasseur, Martin n’est toutefois plus le même coureur. Il est apaisé, sûr de ses forces.

Des limites en contre-la-montre

« Il était stressé l’an dernier quand il s’était retrouvé troisième du général, explique-t-il. Il était tendu et crispé, c’était nouveau pour lui. Mais là il est serein. Je le sens concentré et détendu. Ça ne l’empêchera pas de dormir ce soir, il va peut-être faire des rêves en jaune. Quand on est deuxième, on a envie d’aller chercher le jaune. Pogacar est au-dessus de tout le monde mais il n’est pas à l’abri d’une défaillance. » « Il est juste dans la roue de Pogacar, insiste-t-il. Paris est encore loin, il reste une semaine. Il ne faut pas non plus s’emballer, il faudra bien gérer l’étape de samedi pour ne pas avoir de contrecoup. Ils ne le laisseront plus sortir. On sait que le coureur normand est peut-être le maillot jaune du courage. »

Alors quelle stratégie adopter pour nourrir de telles ambitions? Doit-il faire confiance à son sens de l’offensive et son audace qui font sa force pour tester ses nouveaux rivaux ? Est-il capable de rivaliser dans les Pyrénées, puis de limiter la casse dans le chrono?

« Ça va être compliqué pour lui de garder sa place, même avant le contre-la-montre, resitue Jérôme Coppel, 13e du Tour 2011 et membre de la Dream Team RMC Sport. On a vu par exemple que Vingegaard était très fort. Il va s’accrocher et il faudrait qu’il reprenne du temps avant le contre-la-montre. Ce n’est pas un très grand rouleur, il va perdre deux-trois minutes sur des coureurs comme Uran et Vingegaard sur le chrono à la veille de l’arrivée. »

Pogacar ne voit pas non plus Martin comme son adversaire le plus coriace. Pour le moment, du moins. « Si l’on se fie au Ventoux, c’est Vingegaard, assure le maillot jaune. Mais tous les coureurs du top 10 sont assez dangereux. Cinq à sept minutes de différence, cela peut se rattraper si je passe par un très mauvais jour. Etre attaqué, ça fait partie du cyclisme, un jour on est le plus fort, un autre jour c’est quelqu’un d’autre. » Pour rappel, la France n’a plus eu de coureur sur le podium final du Tour depuis Romain Bardet en 2017. L’Auvergnat avait alors terminé derrière Christopher Froome et Rigoberto Uran.

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