Le patron de Virgin Galactic prendra place dimanche à bord du VSS Unity, le vaisseau futuriste qui doit lui permettre d’atteindre l’espace. Richard Branson veut devancer les autres milliardaires ayant misé sur le tourisme spatial.
Prem’s ! Richard Branson, le patron de Virgin Galactic, s’envolera le premier, dimanche 11 juillet, pour une petite escapade dans l’espace. Il coiffe un autre milliardaire sur le poteau puisque Jeff Bezos, lui, filera vers les étoiles neuf jours plus tard.
Le fondateur d’Amazon et PDG du groupe de tourisme spatial Blue Origin avait pourtant été plus rapide que ses principaux concurrents – Richard Branson et Elon Musk – à faire savoir, début mai, qu’il participerait à un vol d’une dizaine de minutes à près de 100 kilomètres d’altitude, ce qui constitue la frontière de l’espace aux yeux de la Fédération aéronautique internationale.
Bolide de l’espace
Richard Branson avait attendu trois petites semaines pour finalement décider de voler la vedette à Jeff Bezos. Une manière d’espérer rentrer dans l’histoire comme étant le premier des futurs magnats de l’espace à y faire une excursion en personne.
L’entrepreneur britannique sait à quel point les symboles peuvent se révéler cruciaux dans un secteur qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. C’est d’autant plus important que le tourisme spatial pourrait, d’après certaines projections, valoir près de deux milliards de dollars d’ici la fin de la décennie.
Mais le 11 juillet à 15 h (heure de Paris), cette bataille d’ego et de marketing sera mise entre parenthèses le temps du décollage du VSS Unity de Virgin Galactic. C’est ce vaisseau au look futuriste qui sera alors la star du moment.
Le VSS Unity de Virgin Galactic est le concurrent direct du New Shepard de Blue Origin dans le domaine du tourisme spatial. © Studio Graphique France Medias Monde
Avec ses ailes pliables, son nez pointu et son allure générale de bolide de l’espace tout droit sorti de Star Wars, le VSS Unity tranche sur ses concurrents. Le New Shepard de Blue Origin ou la Big Falcon Rocket et sa capsule Dragon de Space X (dont le premier vol touristique est prévu pour septembre 2021) ressemblent bien plus aux traditionnelles fusées du XXe siècle.
Le design très particulier choisi par Virgin Galactic pour son vaisseau correspond à la spécificité du VSS Unity. Contrairement à ses concurrents, il ne décolle pas à la verticale. C’est un autre vaisseau, le VMS Eve, qui l’emporte dans les cieux.
Quand ce vaisseau porteur atteint les 15 km d’altitude, il lâche le VSS Unity, qui met alors le turbo. En 70 secondes, il doit atteindre Mach 3, c’est-à-dire 3 704 km/h, afin d’être propulsé vers les limites de l’espace. Du moins celles que s’est fixées Virgin Galactic, qui suit, en cela, plutôt les recommandations de l’armée de l’air américaine. Contrairement à la Fédération aéronautique internationale, les militaires américains ont décidé que la frontière avec l’espace se trouvait à 80 km d’altitude.
Quatre morts
Les passagers du VSS Unity vivent alors environ quatre minutes en apesanteur avant de retourner sur Terre. Le vaisseau de Virgin Galactic redescend dans une sorte de vol plané en tournant comme une plume, grâce à ses ailes très particulières, ce qui lui permet de ne pas prendre trop de vitesse, évitant ainsi de surchauffer.
Le VSS Unity est « un vaisseau bien plus évolué que le New Shepard de Blue Origin, ce qui peut jouer aux yeux de riches touristes spatiaux qui doivent choisir à quelle compagnie verser plus de 200 000 dollars pour acheter un billet », estime Chris James, un ingénieur australien qui a comparé les différents vaisseaux pour le site The Conversation.
Mais c’est aussi un engin beaucoup plus complexe à manœuvrer. « Avec l’option Bezos [Blue Origin], vous montez dans un super ascenseur, avec des fauteuils cuir et un atterrissage sous parachute en douceur, tandis qu’avec l’option Branson, vous achetez un vol compliqué, bruyant, vibrant, avec des sensations fortes garanties », résume Christophe Bonnal, expert de la direction des lanceurs du Cnes, interrogé par Les Échos.
Richard Branson rêve depuis 17 ans d’envoyer de riches touristes dans l’espace. À l’origine, le milliardaire britannique avait promis que les premiers vols commerciaux débuteraient en 2008.
Une annonce faite en 2004, alors que le prototype imaginé par les équipes de Virgin Galactic venait de remporter le prestigieux Ansari X Prize, doté de 10 millions de dollars remis au projet le plus prometteur pour envoyer des touristes dans l’espace.
Richard Branson s’est vite rendu compte que réaliser ce rêve n’était pas un long fleuve tranquille et que l’entreprise pouvait se révéler dangereuse. En 2007, trois ingénieurs avaient trouvé la mort lors de l’explosion du système de propulsion de la navette alors en construction dans le désert californien.
Sept ans plus tard, le VSS Entreprise s’écrase lors d’un vol d’essai, entraînant la mort de l’un des deux pilotes. Cet accident, très médiatisé, avait sérieusement retardé les projets de Virgin Galactic.
Des frontières de l’espace à la Lune
Mais depuis que le VSS Unity a été mis en service, en 2016, les plans de Richard Branson semblent se dérouler sans accroc. Le vaisseau a effectué avec succès quatre vols tests, dont le dernier remonte au 22 mai 2021. Celui de dimanche sera le premier avec un équipage (Richard Branson et trois employés de Virgin Galactic) en plus des deux pilotes.
De son côté, la fusée Blue Origin transportera Jeff Bezos et son frère Mark, ainsi que l’octogénaire Wally Funk, l’une des treize femmes à avoir passé avec succès le test pour devenir astronaute en 1961… sans avoir jamais eu le droit de partir dans l’espace. Un passager mystère, qui a payé 28 millions de dollars pour un billet sur le vol du 20 juillet, participera aussi à l’aventure.
Et Elon Musk dans tout ça ? Il nourrit de très grande ambition pour le volet tourisme de Space X. Ses navettes, bien plus imposantes, voyageront jusqu’à 400 km d’altitude pour se mettre en orbite bien après la frontière de l’espace.
L’entrepreneur prévoit d’envoyer un équipage entièrement civil vers la Station spatiale internationale en septembre. Mais le véritable coup d’envoi des ambitions d’Elon Musk dans le tourisme spatial auront lieu en 2023 : le milliardaire japonais Yusaku Maezawa doit alors faire le tour de la Lune à bord d’un Big Falcon Rocket, la fusée de Space X. Un voyage dont le prix est gardé secret… d’autant plus que le passager japonais a réservé toutes les places à bord du vaisseau.
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