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Plusieurs miliers de personnes ont marché à Ouagadougou (photo) et dans le pays le 3 juillet 2021, pour dénoncer la gestion de la crise sécuritaire. SOPHIE DOUCE
Le piège djihadiste s’est refermé sur Madjoari, dans l’est du Burkina Faso. Là, à 400 kilomètres de la capitale, au cœur du parc d’Arly, des centaines de personnes tentent de survivre, encerclées par les djihadistes. Elles sont les dernières, recluses dans un quartier de Tambarga.
En un mois, les treize autres villages et hameaux de la commune se sont vidés de leur population. Sur 14 000 habitants, 13 000 ont fui vers les localités voisines et le Bénin, de l’autre côté de la frontière. A Tambarga, coupée du monde, la vie s’est arrêtée, suspendue à cette même question posée par les villageois : « Combien de temps allons-nous tenir ? »
Le 29 juin, les terroristes leur ont lancé un dernier ultimatum. « Ils nous ont dit : “Partez ou on revient vous tuer” », raconte Diérigou Koaré, un conseiller communal de Madjoari, de passage à Ouagadougou. Il assure n’avoir plus que des nouvelles « au compte-gouttes » depuis que la quasi-totalité des antennes téléphoniques ont été « saccagées » par les assaillants.
Ici, comme ailleurs dans la région, cela fait plus de trois ans que les habitants voient la menace avancer et tentent d’alerter les autorités, en vain. « C’est le statu quo, ils n’ont jamais donné suite à nos appels », dénonce l’élu, amer.
Impossible de s’échapper
Au Burkina Faso, l’aggravation des violences, qui ont fait plusieurs milliers de morts et plus d’un million de déplacés en six ans, met le gouvernement sous pression. Pour la première fois depuis le début des attaques djihadistes, des milliers de personnes ont marché à travers le pays pour exprimer leur « ras-le-bol ». Une nouvelle manifestation est prévue ce samedi 10 juillet à Dori, dans la région du Sahel (nord).
La dernière fois qu’Aboubacar*, un étudiant infirmier originaire de Madjoari, a parlé à sa mère de 55 ans au téléphone, elle pleurait. « Les terroristes sont autour, ils vont revenir nous tuer », a-t-elle chuchoté à son fils cette nuit-là, se cachant pour tenter de capter à un kilomètre du village. Aboubacar ne sait pas quand il la reverra. Et encore moins son père de 65 ans, ses frères et sœurs, ses cousins, tous restés sur place.
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