Le fabricant japonais automobile Nissan a annoncé jeudi qu’il prévoyait de bâtir une méga-usine de batteries au Royaume-Uni à côté de son site existant de Sunderland où il fabriquera aussi un nouveau véhicule électrique, mettant le turbo sur sa transition énergétique en Europe.
Le premier ministre Boris Johnson a qualifié de « vote de confiance majeur dans le Royaume-Uni » cet investissement post-Brexit qui totalise 1 milliard de livres dans la plus grande usine européenne de Nissan, et qui va générer 6.200 emplois chez Nissan et ses fournisseurs.
Le fournisseur de batterie de Nissan, le chinois Envision AESC, va investir 450 millions de livres dans cette usine qui fonctionnera aux énergies renouvelables et permettra d’équiper 100.000 véhicules électriques du groupe par an.
Nissan prévoit de son côté de dépenser jusqu’à 423 millions de livres dans un véhicule tout électrique qui s’appuiera sur « l’expertise de Nissan dans les (4×4) crossovers ».
Le conseil municipal de Sunderland complètera l’investissement à hauteur de 1 milliard de livres dans le complexe manufacturier surnommé EV36Zero et qualifié de « premier écosystème mondial de fabrication de véhicules électriques ».
« C’est un jour historique pour Nissan, nos partenaires, le Royaume-Uni et l’industrie automobile » a déclaré le directeur opérationnel de Nissan Ashwani Gupta depuis les lignes d’assemblage de Sunderland, ajoutant que « l’électrification est cruciale dans le combat contre le changement climatique ».
Nissan, qui avait averti qu’un Brexit sans accord menacerait l’existence de son usine de Sunderland, inaugurée il y a 35 ans, avait estimé que l’accord commercial signé avant Noël entre Londres et Bruxelles allait permettre la poursuite de son activité au Royaume-Uni.
– Course aux batteries –
« Les voitures fabriquées dans cette usine, les batteries fabriquées juste au bout de la rue dans la première giga-usine de cette ampleur au Royaume-Uni, joueront un rôle majeur pendant notre transition des voitures à essence et diesel vers les véhicules électriques », a fait valoir le ministre britannique des Entreprises Kwasi Kwarteng.
Le Royaume-Uni, qui s’est engagé à la neutralité carbone pour 2050, multiplie les annonces à caractère environnemental à l’approche de la réunion internationale COP26 sur le changement climatique, qui aura lieu à Glasgow en novembre.
Le groupe japonais avait récemment fait face à une série de difficultés, d’un ralentissement de la demande à cause de la pandémie aux retombées de l’arrestation de son ancien patron Carlos Ghosn, aujourd’hui au Liban après avoir clandestinement fui le Japon en décembre 2019.
Il a aussi retardé à cet hiver le lancement initialement prévu pour cet été de son modèle électrique Ariya à cause des problèmes d’approvisionnement en microprocesseurs qui plombent tout le secteur automobile.
Renault, le partenaire français de Nissan et de Mitsubishi Motors, avait dévoilé lundi l’implantation à Douai au nord de la France d’une méga-usine de batteries d’AESC, filiale japonaise de batteries d’Envision, qui va investir 2 milliards d’euros et créer 1.000 emplois sur place d’ici 2025 et 2.500 d’ici a 2028.
Guillaume Cartier, président de Nissan pour l’Europe, s’est félicité que les partenaires au sein de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi aient recours au même sous-traitant pour les batteries, ce qui va selon lui générer des « synergies », a-t-il expliqué à l’AFP.
Il n’a pas confirmé des informations de presse faisant état d’une date prévue de lancement en 2024 pour l’usine mais souligne que le groupe « anticipe (…) qu’en 2023 toutes la ligne de produits vendue en Europe sera électrifiée ».
La principale instance du patronnat britannique, la CBI, a estimé que l’investissement à Sunderland devait « donner l’étincelle pour les six autres giga-usines qui sont nécessaires d’ici 2040 pour alimenter le marché en pleine expansion des véhicules électriques et stimuler la mise en place d’un vaste réseau de chargement ».
Face à l’explosion des ventes de voitures électriques, l’Europe a commencé à rapatrier la filière de production des batteries et compte désormais 38 projets d’usines, mais reste loin de l’autonomie.
Edison Luo, analyste de Rystard Energy, note pour sa part que le « marché des véhicules électriques est de plus en plus dépendant des composants de batteries chinois », d’où une « course aux capacités de batteries en Europe et au Royaume-Uni », observe Peter Wells, professeur d’économie à l’université de Cardiff.
Les fabricants qui n’arrivent pas à générer assez de capacités de batteries pour leur voitures « vont perdre des parts de marché », avertit-il.
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